Le gouvernement prévoit une campagne de rappel de vaccin pour une troisième dose à partir de mi-septembre. Mais quid des pays pauvres ?
Vacciner une troisième fois sa population, ou donner la main aux pays les plus pauvres. La question est posée. Le gouvernement français a annoncé qu’il prévoyait une campagne de rappel de vaccin pour une troisième dose à compter de la mi-septembre. "Chacun essaie de privilégier sa population nationale. C’est humain. Mais cela retarde d’autant plus la vaccination vers le monde, qui est un formidable terreau d’émergence de nouveaux variants" explique Anne Sénéquier, spécialiste de santé mondiale, co-directrice de l'observatoire de la santé à l'Institut des relations internationales et stratégiques.
Cette dernière rappelle qu’un nouveau variant est sois plus virulent, soit plus transmissible, soit il vient infecter des classes de population qui ne sont pas encore atteintes, et qui pourrait cibler aussi l’immunité acquise par la vaccination. "Il n’est pas impossible qu’un nouveau variant émerge et nous oblige à revacciner tout le monde" ajoute cette spécialiste de santé mondiale, précisant que l’industrie pharmaceutique n’est pas en mesure de sortir le nombre de doses nécessaires pour vacciner la population mondiale.
"Il faudrait entre 12 et 14 milliards de doses, produites en deux mois. Et on voit bien que le virus va beaucoup plus vite que cela. On se tire une balle dans le pied. On est en train de jouer au chat et à la souris dans un cercle vicieux dans lequel on ne devrait normalement pas avoir envie de rentrer" déplore Anne Sénéquier sur RCF. D’où un moratoire sur la question des stratégies nationales de vaccination, de la part de l’OMS, qui n’a cependant qu’un avis consultatif.
Avec une telle stratégie, estime Anne Sénéquier, il faudra du temps pour sortir du Covid. "Quand on regarde dans l’histoire les grandes épidémies, voire les pandémies, on voit bien que ce n’est pas éternel mais ce qui change par rapport à la grippe espagnole ou à la peste noire, c’est qu’on est dans une mondialisation avec un flux de personnes beaucoup plus large, qui fait qu’on donne plus d’opportunités au virus de circuler. Il faut qu’on agisse en conséquence" lance-t-elle.
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