L'année 2022 avait été marquée par une longue et intense sécheresse aux conséquences nombreuses : production d'électricité, agriculture, vie quotidienne... Les habitants du territoire avaient tous été impactés par le manque d'eau. Alors qu'à la sortie de l'hiver 2023, la Savoie était placée en vigilance sécheresse, de nombreux jours de pluie semblent avoir rétabli la situation, mais pour combien de temps ?
Durant les mois de mars, avril et mai, nos territoires ont été largement arrosés. Une situation qui permet d'envisager un été plus serein que le dernier. "C'est le mois de mars qui nous sauve" explique Christophe Dall'Osto, directeur de l'environnement pour le département de la Savoie. "Il y a eu à ce moment-là des précipitations plus importantes que prévues, de l'ordre de x 2 à x 3 par rapport à ce que l'on attend d'un mois de mars".
Toutefois, le constat reste contrasté, la Maurienne et la Tarentaise, ont connu moins de jours de pluies que le reste du département.
Autre point de vigilance, le mois de mars n'a fait que racheter un hiver marqué par un fort manque de précipitations, notamment en février. "Malgré la météo des dernières semaines, si on regarde les chiffres depuis le début de l'année, on est conforme aux moyennes attendues" résume Christophe Dall'Osto. Pas d'excédent, pas de manque, la Savoie aborde donc l'été sans lacune, mais sans atout non plus.
"Avec toute cette pluie, on aura des réserves pour l'été", cette petite phrase habille bon nombre de conversations ces dernières semaines, mais correspond davantage à une croyance populaire qu'à une réalité géologique. "Nous avons beaucoup de nappes et de systèmes aquifères en Savoie" explique le directeur de l'environnement. "Mais ils sont de petites dimensions. Ils se remplissent assez vite, mais se vident rapidement. Pour les maintenir à niveau, il faut une certaine régularité des précipitations."
En Savoie la géologie est complexe et contrastée
De plus, toute la pluie ne parvient pas à s'infiltrer jusque dans ces nappes : plus la température est élevée, plus une part importante de l'eau disparaît dans l'évapo-transpiration. L'an dernier, le mois de mai, mois plus chaud jamais enregistré sur le territoire, a favorisé cette perte d'eau. Au contraire, cette année, les températures fraiches ont permis un meilleur stockage de l'eau.
Une chose est sûre, tous les experts s'accordent à dire que les épisodes de canicules et de sécheresses se multiplieront à l'avenir sous l'effet du réchauffement climatique. "On l'observe déjà" témoigne Christophe Dall'Osto. "Le débit des cours d'eau baisse de 1 % chaque année par exemple".
De l'eau qui s'évapore, des lits de rivières moins importants et dont les températures augmentent, des étés qui se prolongent jusqu'en octobre... En Savoie aussi, tous les indicateurs pointent vers un changement rapide et important de l'écosystème naturel. "Ca ne veut pas dire que l'on connaîtra tous les ans des sécheresses comme celle de l'an dernier, mais il y en aura de plus en plus à l'avenir" termine le directeur de l'environnement.
L'Etat veut se préparer au scénario du pire
Mardi 23 mai, le gouvernement a lancé un nouveau cycle de consultation pour adapter les politiques publiques au scénario le plus pessimiste : une hausse de 4°c d'ici 2100 et une multiplication par 4 des épisodes de sécheresse. Collectifs, élus et associations peuvent y participer jusqu'à la fin de l'été.
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