Trois blocs forts à l'Assemblée nationale, aucune coalition qui ne se définisse pour l'heure et une grande inconnue quant à l'identité du prochain locataire de Matignon. Dans ce climat institutionnel tendu et alors que la France semble politiquement divisée, Philippe Lansac, directeur éditorial de RCF, rappelle les vertus du dialogue et le pouvoir de la fraternité.
La nature humaine est mystérieuse, insoupçonnable. Qui aurait pu prévoir le scénario politique qui a surgi hier soir ? Aucun sondage d’opinion, aucune artificielle ne l’aurait prévu et pourtant… Les 29 millions de français qui ont voté hier ont surpris tout le monde. Face à la situation politique inédite, aux tensions, aux angoisses, aux affrontement, ils ont dessiné un nouveau paysage. Un improbable dénouement générateur d’un déluge d’émotions contradictoires : soulagement, joie profonde et espérance d’un côté, frustration, amertume voire colère de l’autre, mais aussi interrogation, perplexité, doute.
Une chose est sûre, au milieu de cette mosaïque de réactions, au milieu de ce résultat surprise, la France est divisée, fracturée comme jamais, coupée en 3, voire bien plus. Une fracture qui n’est pas nouvelle mais qui s’est exacerbée ces dernières années, nourrie par les politiques eux-mêmes mais aussi beaucoup par les chaines d’infos en continu, les réseaux sociaux, les fake news et le complotisme ambiant. Une fracture au sein de notre société qui s’est propagée en profondeur jusqu’à diviser dans nos familles, dans les groupes d’amis, entre collègues, dans nos églises aussi.
Alors comment faire à l’heure où les commentateurs politiques affichent ce matin en une de nos journaux et des sites internet des myriades de question et de doutes : une assemblée sans majorité, morcelée, émiettée, ingouvernable. À la surprise succède le doute, le flou, l’interrogation de l’inédit, du tout à reconstruire, comme un tableau blanc.
Face à cette page blanche, la cacophonie des plateaux télé d’hier soir était comme souvent affligeante mais aussi étonnement rafraichissante, voire inspirante. Tout le monde semblait tellement sonné, hébété, dans tous les camps politiques, qu’au milieu des querelles politiques habituelles, des débats inaudibles et des déclarations fracassantes, des mots nouveaux ont surgi aussi comme : « il va falloir se parler, discuter, dialoguer », « nous allons devoir changer de culture politique, rechercher des compromis et des coalitions ». On n‘était plus habitué à ce genre de discours !
Comment faire pour recréer de la fraternité entre des français si divisés, c’est sans aucune doute ça, la grande question ? Comment retrouver surtout le goût de l’échange avec ce voisin, ce collègue, cet ami, cet oncle ou cette cousine qui a voté à 180 degrés à rebours de moi. Comment retrouver les ressorts de l’ouverture à l’autre alors qu’on semblait au bord la guerre civile ?
Partager la joie de s’ouvrir à l’autre, au monde, à Dieu pour que chacun devienne acteur de fraternité.
À RCF nous pensons en tout cas qu’il s’agit là d’un enjeu majeur, au cœur de notre mission de média chrétien. Depuis 2 ans d’ailleurs, nous avons décidé avec les 300 salariés et 3000 bénévoles de RCF partout en France et en Belgique de réfléchir à notre raison d’être, à quoi sert RCF dans notre société effectivement si fracturée et où la pratique religieuse s’effondre. Et la phrase que nous avons choisie est la suivante : « partager la joie de s’ouvrir à l’autre, au monde, à Dieu pour que chacun devienne acteur de fraternité».
Comment nous mettre en mouvement au service de cette fraternité, c’est la question justement que nous voulons soulever au lendemain de ces élections législatives, tous ensemble avec nos invités ici présents et tous les auditrices et les auditeurs. Au-delà des analyses politiques, osons le pari de la fraternité et retroussons nos manches !
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