Le pape François publie son autobiographie. À 87 ans, le chef de l'Église catholique revient sur les événements marquants de sa vie et dresse le bilan de son pontificat. Alors qu'il est sévèrement critiqué au sein même de l'institution, François redit quelle est sa vision de l'Église. Il s'affirme comme souverain pontife lucide, pour qui la démission n'est pas à l'ordre du jour.
Le pape François publie son autobiographie, ce mercredi 20 mars 2024. Éditée par Harper Collins, maison d’édition américaine, elle s’intitule "Vivre - Mon histoire à travers la grande Histoire". Un texte dans lequel le souverain pontife revient sur son passé et notamment son élection. Il rappelle ainsi pourquoi les cardinaux l'ont élu, il y a onze ans. Et pourquoi sa renonciation n'est pas à l'ordre du jour.
Ce n’est pas le premier livre signé Pape François. Le chef de l’Église catholique a publié de nombreux ouvrages, le plus souvent sous la forme de dialogues. On se souvient par exemple du livre "Des pauvres au pape, du pape au monde" (éd. Seuil, 2022) avec l’association Lazare. François a par ailleurs dévoilé des éléments personnels de sa vie, lors d’entretiens avec des journalistes. Par exemple, dans une interview exclusive en septembre 2013 dans la revue jésuite italienne La Civiltà Cattolica.
Cette fois c’est une autobiographie que publie le pape. Co-écrite avec un journaliste que l’on dit ami du pape, Fabio Luca Marchese Ragona. Ce dernier, qui avait déjà interviewé le chef de l’Église catholique en 2021, apporte des éléments de contexte historique aux écrits du pape. Le but de cet ouvrage est de "raconter l’Histoire" à travers l’histoire d’un témoin privilégié. Et de faire en sorte que l’on tire des leçons du passé : le pape consacre un chapitre à la Shoah.
Dans l’autobiographie du pape François, il est question de la gouvernance de l’Église mais aussi d’éléments très personnels de sa vie - par "petit écart" quand il était séminariste, le pape entend le moment où il a "été ébloui par une fille". Raconter ses souvenirs (de 1939, début de la Seconde Guerre mondiale, à aujourd’hui), est pour le chef de l’Église catholique l’occasion de lancer "des messages forts" sur des sujets de société, comme le dit le journaliste dans son introduction. L'occasion aussi de répondre à ses détracteurs.
À 87 ans, le pape qui est dans la dernière phase de son pontificat, fait en quelque sorte un bilan de ses onze années passée sur le siège de Pierre. Est cité le discours qu’il a prononcé juste avant d’être élu pape, devant les autres cardinaux, le 9 mars 2013. C’était lors des congrégations générales, la phase qui précède le conclave. "Ce discours a signé ma condamnation. Moins de trois minutes qui ont changé ma vie !" écrit François. Laissant penser que c’est sur un programme bien précis qu’il a été élu.
Dans ce discours de trois minutes, il était question de "sortir l’Église de l’autoréférentialité" et de l'aider "à sortir d’elle-même, et à aller vers les périphéries de l’existence…" Est-ce un rappel adressé à ses détracteurs ? Le pape finit son texte en disant : "Je vous en prie : n’oubliez pas de prier pour moi. Pour, pas contre !"
Je n'ai pas vraiment de raisons sérieuses de penser à une renonciation
Le pape François compte aller au bout de sa mission. Il se montre très conscient des spéculations autour de sa santé et de la fin de son pontificat. Depuis plusieurs années, le moindre signe de rhume ou de fatigue est amplement repris dans la presse. Le pape François a subi une lourde opération à l’abdomen en 2023. Il arrive que le Vatican annonce des rencontres annulées pour cause de fatigue.
Mais comme il l’a déjà dit plusieurs fois, François ne pense pas renoncer à sa charge. "Certains ont peut-être espéré qu'un jour ou l'autre, peut-être à la suite d'une hospitalisation, je fasse une annonce de ce genre, mais ce risque n'existe pas : grâce au Seigneur, je jouis d'une bonne santé et, comme je l'ai déjà dit, si Dieu veut, j'ai encore beaucoup de projets à réaliser." Le pape, qui ne se ménage pas, doit se rendre en Indonésie, au Timor oriental et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, lors d’un voyage prévu pour août 2024.
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"Je suis sincère : je ne l'ai jamais envisagé", dit le pape François au sujet de sa renonciation. "Les choses seraient différentes dans le cas d'un grave empêchement physique, auquel cas j'ai déjà signé au début de mon pontificat... une lettre de démission déposée à la Secrétairerie d'État… Je répète cependant qu'il s'agit d'une hypothèse lointaine, car je n'ai aucune raison sérieuse d'envisager une démission."
François souligne que s’il venait à démissionner, il ne se ferait pas appeler "pape émérite" mais "évêque émérite de Rome". Dans l’Église catholique, le successeur de Pierre a plusieurs titres. Il est Vicaire de Jésus-Christ, Successeur du Prince des Apôtres, Souverain Pontife de l’Église Universelle, Primat d'Italie, Archevêque Métropolite de la Province Romaine, Souverain de l’État de la Cité du Vatican et Serviteur des Serviteurs de Dieu. Dès le soir de son élection et tout au long de son pontificat, François s’est toujours présenté comme "évêque de Rome", en signe d’humilité. Et s'il devait renoncer à sa charge, il prévoit de "redevenir confesseur" et de "porter la communion aux malades".
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