Des JMJ de Lisbonne, un mot restera dans les mémoires : "todos". Le pape François, qui l'a fait répéter plusieurs fois aux jeunes, voulait faire passer un message : "Il y a de la place pour tous dans l'Église." Était-ce une façon de préparer le synode sur l'avenir de l'Église ? Et si c'était là une "stratégie" du chef de l'Église catholique pour faire passer un message aux évêques ?
Plus d’un million et demi de personnes étaient rassemblées au parc du Tage à Lisbonne, ce dimanche 6 août. Des pèlerins réunis autour du pape François. Il l’a montré tout au long de ces JMJ, le chef de l'Église catholique sait parler aux jeunes. Un mot en particulier a suffi pour toucher les jeunes : "todos". Une Église dans laquelle "il y a de la place pour tous" : c’est ce que beaucoup retiennent des JMJ de Lisbonne. Avec ce "pour tous" le pape prépare-t-il la prochaine session du synode sur l'avenir de l'Église ?
Le pape essaie de faire comprendre aux évêques que les jeunes veulent des changements
Beaucoup en témoignent, les jeunes ont été touchés au cœur par ce "para todos". "Le pape, malgré ses 86 ans, comprend la situation des jeunes et les problèmes que les jeunes catholiques ont pour pratiquer leur foi." Et selon Justin McLellan, journaliste américain du Catholic News Service, ce message en faveur d’une Église "inclusive", a de quoi "impacter" beaucoup de jeunes américains qui "souffrent" aux États-Unis du caractère "exclusif" de la communauté catholique.
De la place "pour tous" dit le pape, mais "jusqu’où ?" demande la journaliste allemande Elisabeth Pongratz du groupe de radio ARD. "Qu’est-ce que ça veut dire pour le futur de l’Église ?" Cela signifie-t-il que "tous les gens ont le même droit dans cette Église du futur" ? Difficile de croire que le "para todos" signifie aller dans le sens du chemin synodal allemand, dont les idées de réforme – comme le mariage des prêtres, l'ordination des femmes…. - ont provoqué de graves tensions avec le Vatican.
C'est d'ailleurs à une journaliste allemande que le pape François a répondu au sujet du fameux "todos", dans l'avion qui le ramenait du Portugal. « L'Église est "ouverte à tous, tous, tous" alors pourquoi les femmes ou les homosexuels ne peuvent accéder à tous les sacrements ? », a-t-elle demandé. Le pape a alors invité à distinguer d'un côté le chemin intérieur que chacun peut faire au sein de l'Église, dont il a redit qu'elle est "une mère" et d'un autre côté les sacrements et le ministère. "Dire : Il ne peut pas recevoir les sacrements, cela ne signifie pas que l'Église est fermée", a déclaré François.
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Avec ce "todos, todos, todos", que le pape fait répéter aux jeunes, il s’est adressé indirectement "aux évêques", analyse Hendro Munsterman, qui voit là "une stratégie" de François. "Ce pape, il croit très fortement que ces jeunes peuvent convertir leurs évêques." Selon le journaliste, c’est le synode des jeunes en 2018 qui a donné au pape l’idée de ce synode sur la synodalité. "Le pape essaie de faire comprendre aux évêques que les jeunes, qui sont déjà l’Église d’aujourd’hui, ils veulent des changements. Je crois que c’est ça, la stratégie." Le journaliste néerlandais précise que "le pape n’est pas là aujourd’hui je crois pour changer la doctrine, il est là pour changer une culture ecclésiale".
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Le pape François se réfère beaucoup au document d'Aparecida rédigé en 2007 pour la Ve Conférence générale du Conseil épiscopal latino-américain (Célam), alors que Joprge Bergoglio était archevêque de Buenos Aires. "L’Amérique latine est le continent le plus synodal aujourd’hui", décrit Hendro Munsterman. Or, pour beaucoup, le pape François transpose à l’Église universelle ce que décrit le document. Une Église synodale qui assume sa diversité et sait rassembler les oppositions, c’est sans doute cela que souhaite le pape François.
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