Parue en 2015, l’encyclique du pape François Laudato Si' continue de faire parler. Le mardi 4 octobre, il y a plus d’un mois, sortait un documentaire étroitement lié : "The Letter". Il traite des enjeux climatiques à travers le monde. La date de sortie n’a pas été laissée au hasard, puisque c’était la Saint François d’Assise. L’actuelle COP27 sur le climat est l’occasion de se pencher sur les engagements des chrétiens à travers la planète, et les conséquences de l'encyclique.
En mai 2015, deux ans après son élection, le pape François publie Laudato Si’, saluée par de très nombreux observateurs et reconnue comme une référence en matière d’écologie intégrale. Les premiers mots de l'encyclique sont ceux de Saint François d’Assise. Très vite, Laudato Si' est devenu le nom d’un mouvement international qui œuvre à appliquer les préceptes du texte. Le mouvement se veut hybride, et souhaite faire passer les chrétiens "à l’action afin de protéger notre maison commune et d’atteindre la justice écologique et climatique".
Il s’agit de la première encyclique sociale consacrée à l’écologie intégrale. Le Saint-Père a consulté des philosophes, des théologiens et des penseurs de l’écologie pour transmettre un message dissipant les doutes sur le changement climatique. À Laudato Si', on associe souvent l’expression "tout est lié", qui résume la pensée globale du texte. Le pape y expose en effet les autres crises liées au changement climatique : les crises sociales, la marginalisation de nombreuses personnes. Un chemin pour une conversion écologique est proposé, pour prendre soin de "notre sœur mère la terre".
Steeven Kezamutima est coordinateur du mouvement Laudato Si' dans les pays d’Afrique francophone. C’est en juillet 2015 qu’il découvre l'encyclique. Ce laïc franciscain se rend donc à Nairobi pour une grande conférence. "Dans sa lettre, le pape parle de la dette écologique entre les pays du Nord et du Sud, ça a été l’un des grands sujets traités à Nairobi". Laura Morosini, responsable Europe du mouvement, rappelle que les problématiques soulevées par cette encyclique sont différentes en fonction des régions du monde. Si le changement climatique est vécu inégalement à travers les continents, "ce qui fait le cœur du mouvement Laudato Si', c’est la spiritualité écologique et la réduction de l’empreinte carbone". Les chrétiens doivent donc faire entendre leur voix, à l’échelle nationale comme internationale, par exemple lors des COP.
Dans un documentaire d’une heure et demie, on voit les conséquences du changement climatique à travers le monde. Le pape François y rencontre quatre personnalités qui incarnent la clameur de la Terre et des pauvres. Anne Doutriaux est coordinatrice Laudato Si’ France. Elle raconte à quel point "le film a été un gros projet. L’ambition est de faire découvrir au plus grand nombre l’encyclique". Le pape invite au dialogue, perçu comme l’une des solutions. Le documentaire donne vie à ce dialogue et ambitionne justement de le créer. Le film est disponible entièrement sur YouTube et téléchargeable gratuitement sur une plateforme pour le diffuser sur grand écran.
Laura Morosini estime que "les images parlent beaucoup et touchent des sensibilités différentes". Les métaphores utilisées par le pape semblent très vivantes et percutantes. Le documentaire montre des personnes de différentes spiritualités et nationalités, promouvant une fois encore le dialogue interreligieux et montrant que c’est ensemble que l’on pourra changer les choses : tout est lié. Le documentaire est ainsi un outil de sensibilisation et de mise en mouvement. À l’origine du projet, le mouvement Laudato Si' est entré en contact avec le dicastère, chargé du développement humain intégral. Pour Steeven Kezamutima, le pape montre un visage de compassion et d’écoute : "le film donne aussi aux pauvres leur chance".
Si le texte a été aussi bien reçu et aussi salué, c’est parce qu’il s’adresse à tous, estime Anne Doutriaux. L’encyclique pousse à se questionner sur nos modes de vie, à ce que l’on doit changer et comment il faut le faire. Laura Morosini considère que c’est un "texte lucide qui ne mâche pas ses mots sur la gravité de la situation : les humains doivent changer parce qu’ils se sont mis en danger". La coordinatrice de Laudato Si’ France rappelle que le mouvement est né "un peu avant la sortie de l’encyclique, fédérant des catholiques qui voulaient s’impliquer". C’est d’abord aux Philippines que le mouvement s’est imposé, rapidement rejointes par des pays d’Amérique du Sud puis par des congrégations religieuses de toute la planète. S’il est reconnu par le Vatican, le mouvement reste indépendant. Les chrétiens sont invités à "se nourrir autrement que par la consommation des biens matériels".
Pour Anne Doutrieux, Laudato Si’ lui a permis de gagner en crédibilité : elle se sent "écolo parmi les chrétiens et chrétienne parmi les écolos". Elle rappelle l’espérance qui porte les chrétiens et les liens qu'ils doivent tisser. Pour diffuser le message du pape, des formations en ligne sont organisées. En France, le mouvement en est à ses prémices : le territoire compte 80 animateurs et seules deux formations ont eu lieu. Pour Laura Morosini, "des signaux faibles existent : l’engagement des jeunes est admirable, ils tissent des liens profonds". Le documentaire invite en somme à se questionner sur ce qu’est une vie bonne : "on peut vivre intensément avec peu".
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