Une nouvelle COP s’est ouverte à Charm-El-Cheikh, en Égypte. Pendant deux semaines, les nations de ce monde vont essayer de se mettre d'accord sur des moyens de financer la transition écologique des pays les plus touchés par le réchauffement climatique. Qui paiera les catastrophes climatiques en cascade ? Éléments de réponse avec Yamina Saheb, ingénieur, chercheuse en politique climatique et auteur au GIEC.
C'est l'un des enjeux majeurs de cette COP27 : le financement, par les pays les plus riches, de la transition écologique des pays dits "du Sud". Lors de son arrivée en Égypte, Emmanuel Macron a soutenu vouloir "aller au bout de la solidarité financière avec les pays les plus pauvres" et "débourser plus vite" les fonds promis à ces pays. Seulement, sur les 100 milliards promise en 2009, 17 n'ont toujours pas été versés. Pour Yamina Saheb, la notion de solidarité n'est pas la bonne : la France a une dette envers les pays les plus pauvres. "Lorsque vous parlez de dette et non plus de solidarité, à ce moment là, on sera obligé, je l'espère, d'honorer notre dette", poursuit la scientifique.
Malheureusement, les pays riches n'ont pas mis la main à la caisse pour payer.
La question de la clé de répartition se pose aujourd'hui en Égypte. Comment les pays se répartissent-ils la facture des dommages liés au réchauffement climatique ? Pour Yamina Saheb, il n'y a pas de débat à avoir, il suffit de regarder les émissions cumulées dans le temps : "On voit bien que les États-Unis, l'Europe de l'Ouest font partie des pays qui ont le plus d'émissions cumulées, et le paiement de cette dette devrait être fonction de ce facteur."
Yamina Saheb pose également la question de l'efficacité du format de cette COP. Sept ans après la COP21 à Paris, les pays du Nord n'ont toujours pas honoré leurs engagements financiers envers les pays du Sud. "Il y a une véritable question de gouvernance de la crise climatique et écologique qui n'est pas posée à la COP", s'interroge la scientifique.
Pour elle, les institutions en place, nées après la Seconde Guerre, ne sont plus capables de répondre au défi contemporain de l'écologie. "Ce qu'il faudrait, c'est un fonds international où les pays mettraient de l'argent en fonction de leur contribution à la catastrophe climatique ; à ce moment-là, ce ne serait plus de la charité chrétienne, ce serait un paiement de la dette", ce qui serait plus juste pour Yamina Saheb. Pour elle, il faudrait mettre en place une nouvelle gouvernance, qui impliquerait "la dissolution des Nations unies, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de l'Organisation mondiale du commerce". Ces institutions sont des héritages basés sur les États-nations, créées après la Seconde Guerre mondiale. Elles sont aujourd'hui des points de blocage dans la recherche d'une solution climatique, problématique par nature transfrontalière.
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