Rouen
Au deuxième jour de son procès devant le tribunal correctionnel de Lyon, Bernard Preynat a écouté son portrait psychologique dressé par un expert.
C'était un moment fort attendu dans le procès de Bernard Preynat : ce mercredi après-midi, un expert psychiatre est venu commenter à la barre ses conclusions sur la personnalité de l'ancien prêtre, poursuivi aujourd'hui pour agressions sexuelles sur mineurs commises entre 1986 et 1991.
Le professeur Michel Debout a rencontré Bernard Preynat à trois reprises dans le cadre de cette expertise judiciaire et en a conclu que l'ex-aumônier scout est un "pervers sexuel" pour qui "l'autre n'existe pas". "Une partie de Bernard Preynat n'accède pas à la souffrance de l'autre" et pour "aménager ses pulsions sexuelles", l'ancien prêtre a mis en place des mécanismes de clivage et de déni dans lesquels il s'est enfermé, pour "ne pas s'effondrer psychologiquement".
Un clivage, avec d'un côté "l'homme de bien, l'homme d'Eglise" et de l'autre "le pédophile agressant les enfants". Une attitude qui fait dire au psychiatre que Bernard Preynat a été "mi-prêtre, mi-traître" : il a trahi son vœu de chasteté, sa propre hiérarchie au sein de l'Eglise, mais aussi l'amour des autres et la confiance qu'on lui a donné. Bernard Preynat est resté par ailleurs "un enfant sur le plan sexuel".
Une expertise éclairante pour Me Agathe Morel, avocate de l'association Enfance et partage, partie civile au procès.
Autre fait marquant de cette journée d'audience, Bernard Preynat a révélé pour la première fois devant un tribunal civil qu'il avait été lui-même abusé sexuellement par des hommes d'Eglise quand il était enfant : par le sacristain de sa paroisse, par un séminariste en colonie de vacances et par un prêtre professeur au séminaire de Saint-Etienne (Loire).
Des aveux qu'il a formulés par écrit dans une lettre écrite à la veille de son procès devant le tribunal correctionnel à Mgr Michel Dubost, administrateur apostolique du diocèse de Lyon.
Interrogé sur le fait de n'en avoir jamais parlé, même pas au psychiatre dans le cadre de son expertise judiciaire, Bernard Preynat a répondu qu'il en avait "honte". Il s'en ouvrira pour la toute première fois en 2016, à une inspectrice de police pendant l'enquête le visant.
Un moment de vérité important pour son avocat Me Frédéric Doyez.
L'examen de la personnalité de Bernard Preynat va continuer : une autre psychiatre, Liliane Daligand, viendra témoigner devant le tribunal jeudi matin.
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