Dimanche 25 juin 2023, quatre jours avant la fête des apôtres Saint-Jean et Saint-Paul, 88 jeunes prêtres ont été ordonnés en France après une longue formation en séminaire. Bien que leur foi et leur volonté ne faiblissent pas, le nombre de nouveaux ordonnés tend à baisser depuis une vingtaine d’années. En cause notamment : la sécularisation de la société, la difficulté à s’engager à vie dans une vocation aussi magnifique que difficile et les nombreux scandales qui ternissent la réputation de l’Église. Malgré tout, les jeunes hommes qui choisissent cette voie semblent prêts à vivre pleinement cette vocation.
Sur les 88 prêtres ordonnés cette année, seuls 58 d’entre eux sont rattachés à un diocèse et pourront assurer le rôle de curé au sein d’une paroisse, les autres faisant partie de communautés religieuses. Pour beaucoup de personnes, cela démontre un besoin de repenser la présence de l’Église et des prêtres. "On n’est pas beaucoup mais c’est déjà ça", estime quant à lui Augustin Rocofort, nouvel ordonné auprès du diocèse de Lyon. Il se dit "dans une confiance totale" puisque "le seigneur continue d’appeler".
"Tout a commencé quand j’étais enfant parce que j’avais la conviction très forte que Dieu était mon père", confie Romain Berthelot, nouvellement ordonné pour la Communauté du Chemin Neuf. Comme beaucoup d’autres prêtres, il a ressenti cette première rencontre avec Dieu comme un premier amour. "Cette expérience me marque encore aujourd’hui", indique le jeune prêtre. Quant à lui, Augustin Rocofort a d’abord eu peur de ce désir ressenti dès l’enfance, ne voulant pas être appelé à la prêtrise, avant de finalement se décider à l’âge de 18 ans : "J’avais ce désir d’être heureux et de rendre les gens heureux, j’ai senti que ce serait par cette voie".
Après l’ordination, "il y a un changement intérieur profond", explique Augustin Rocofort, qui se dit pourtant "fondamentalement le même". Cependant, une fois ordonnés, les jeunes prêtres se sentent porteurs d’une mission qui les dépasse et ont le sentiment d’être davantage eux-mêmes en répondant à leur vocation. Romain Berthelot se dit même "porté par la grâce", qu’il perçoit d’une "manière nouvelle" et "avec plus de force".
Choisir la prêtrise emporte des concessions diverses, telles qu’une vie amoureuse, sexuelle ou familiale. Cependant, les premiers concernés portent un regard d’acceptation totale sur cette réalité. "Dans toute vie et dans tout choix il y a des renoncements à faire", estime Augustin Rocofort, lequel indique y avoir pensé tout au long de sa vie. D’après lui, identifier et connaître les choses auxquelles il faut renoncer est important et permet "un renoncement joyeux, pas par dépit, pour quelque chose qui rend profondément heureux". De plus, pour beaucoup de prêtres, l’engagement envers Dieu passe au-dessus de toute autre préoccupation : "Quand je pense vocation je ne pense pas renoncement mais à l’amour que Jésus me donne" , explique Romain Berthelot.
Avant d’être ordonné prêtre, le candidat doit suivre une formation de six ans, au sein de l’un des 26 séminaires français. "C’est un lieu de croissance, de transformation et de soin", précise Laurent Tournier, supérieur du séminaire d’Orléans. Il s’agit à la fois d’une formation spirituelle, intellectuelle, humaine et pastorale, laquelle permet de donner toutes les cartes en main au futur prêtre et de confirmer ou non sa vocation. Par ailleurs, le choix du séminaire est crucial puisque "le candidat doit se présenter à l’évêque de son lieu de résidence", détaille Matthieu Thouvenot, prêtre au diocèse de Lyon. C’est dans ce diocèse que la première année dite "propédeutique" se déroule, avant l’accès au séminaire.
Mais ne devient pas prêtre toute personne qui le souhaite. En effet, les aptitudes du candidat sont évaluées tout au long de la formation, d’autant plus à l’heure où l’Église est secouée par des affaires d’abus sexuels. "On accepte de moins en moins sans regarder", indique le prêtre diocésain. Ainsi, après chaque année, un bilan permet de décider si un futur prêtre poursuit ou quitte la formation. En revanche, la prêtrise reste ouverte à tout homme, quel que soit son parcours de vie, scolaire, professionnel ou spirituel, tant que sa vocation est réelle et qu’il est capable de suivre le rythme du séminaire.
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