Gizeux
Claudine Beaudoin, propriétaire de la Cave de la Chèvrerie au Puy-en-Velay reçoit ce vendredi 24 janvier la médaille de l’Ordre national du Mérite. Une reconnaissance pour son parcours et son engagement pour les femmes.
Cela fait maintenant 31 ans que Claudine Beaudoin gère la Cave de la Chèvrerie, l’univers du vin pour lequel elle n’était pas destinée. Elle a dû faire preuve d’une grande force de caractère et de pugnacité pour s’imposer dans une profession réservée à l’époque aux « hommes ». Ce vendredi 24 janvier, sa passion et son engagement vont être récompensés. Elle sera faite chevalier de l’Ordre national du Mérite lors d’une cérémonie qui se tiendra dans sa cave. Reconnaissance obtenue après une enquête de deux mois à son sujet dans le plus grand secret.
Claudine Beaudoin se découvre à l’âge de 15 ans «une passion énorme pour le vin» mais surtout pour la restauration. Cependant à cette âge, à l’époque difficile de voler de ses propres ailes. Elle se lance donc dans des études de secrétariat. C’est à 18 ans, qu’elle renoue avec une de ses 2 passions : la restauration. Elle travaille une saison chez un grand chef de la Nièvre, chef qui remarque son talent et l’invite à se lancer dans des études en hôtellerie. Elle suit ce précieux conseil et s’inscrit à l’école hôtelière de Dijon où elle va notamment avoir des cours d’œnologie. S’en suivront 4 années dans de grands restaurants français mais aussi à l’étranger.
A cette période avait-elle déjà en tête l’idée d’être caviste ? « Non, pas du tout au départ. Sommellerie oui car j’ai repris mes études, j’ai fait l’Université du vin après ces 4 ans de travail dans des restaurants. Mais j’ai fait un stage chez un caviste à Saint-Nazaire qui lui était ravi de mon travail et qui m’a proposé de faire une autre cave pour lui ». Mais elle n’est pas entièrement conquise par cette proposition. Elle envisage plus faire de la sommellerie, pas en restauration mais chez un producteur ou un particulier pour être au plus proche de la culture du raisin.
Le déclic a lieu quand elle arrive au Puy-en-Velay. La cave qu’elle occupe aujourd’hui est en vente. Elle connaît son propriétaire et décide donc de la racheter pour faire perdurer cette activité. Aujourd’hui elle se dit ravi « d’être aussi caviste en tant que sommelière ».
Ses premières années en tant que caviste n'ont pas été simples. Claudine Beaudoin parle même de « beaucoup de souffrance ». Les « dix premières années ont été très compliquées pour être intégrée » car beaucoup de personnes n’acceptaient pas qu’une femme soit caviste. Mais son caractère de combattante et sa passion lui ont permis de prendre le dessus durant les moments les plus compliqués. « Je ne suis pas originaire de cette région, j’ai choisi de vivre ici, de construire ma vie ici donc j’ai tenu. Ça va bien que je suis une guerrière et je me remets au combat parce que j’aime ce que je fait ».
Claudine Beaudoin est aussi très attachée à faire partager son savoir et ses connaissances. « C’est important de transmettre cette passion. C’est un patrimoine ». Aujourd’hui elle donne des cours pour des personnes dans l’envie de découvrir le vin notamment dans les écoles et par la formation de stagiaires.
Cette médaille touche beaucoup la caviste. Des trémolos dans la voix et les larmes aux yeux elle évoque « beaucoup d’émotions, c’est aussi la récompense de tout le travail de ma vie ». Cette reconnaissance couronnera son parcours professionnel mais aussi celui en tant que femme combattante et engagée dans des associations luttant pour la cause des femmes. Claudine Beaudoin lance un message « Si on veut faire quelques choses et quand on aime, si on veut le faire, on peux le faire ».
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