Ce dimanche 3 mars, la 60e édition du salon de l’agriculture ferme ses portes. Un salon qui s’est tenu non sans tension. La colère des agriculteurs est toujours forte après les mobilisations de janvier dernier. Ils demandent une simplification des normes ainsi qu’une meilleure rémunération. Les premiers concernés sont les jeunes exploitants qui construisent l’agriculture de demain dans un milieu vieillissant.
Au salon de l’agriculture, les jeunes exploitants se font rares. En l’espace de 30 ans, le nombre de jeunes agriculteurs est passé de 1 million dans les années 90 à 400 000 aujourd'hui. Une profession vieillissante et en perte d’attractivité. Pour lutter contre cette tendance, Jérémy Giroud, vice-président des Jeunes Agriculteurs et vigneron du Rhône, mise sur la communication : « Il faut aller les chercher dès le plus jeune âge et travailler sur la formation et la communication, en proposant par exemples des ateliers pratiques et dans le secondaire permettre aux élèves de faire des stages dans des exploitations agricoles ». La baisse du nombre d'agriculteurs devrait continuer dans les années à venir. Les projections estiment que d’ici 2035, il n’y aura plus que 275 000 exploitations, contre 1,5 million dans les années 70.
Cette baisse de l’attractivité peut s’expliquer de plusieurs façons : d’une part car il s’agit d’un métier à haute pénibilité, et d’autre part car la rémunération est souvent faible. Selon l’INSEE, 18 % des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté. Des difficultés financières auxquelles fait face Benoît Marchand, jeune agriculteur du Beaujolais qui a repris la ferme familiale il y a trois ans : « je suis content de ce que je fais, mais on n'en vit pas. On bosse à côté pour faire un peu d’argent. En plus cette année, c’est compliqué, dans le Beaujolais, on a du mal à vendre nos vins et je ne sais pas si je vais avoir assez de trésorerie pour passer l’année. Mais sinon je suis très heureux de ce que je fais ». Chaque année, ces difficultés poussent des centaines d’agriculteurs au suicide, ils étaient 549 en 2016 selon le MSA, un chiffre 30 % supérieur aux autres catégories socioprofessionnelles.
Pour garder la tête hors de l'eau, Benoît Marchand cherche à se diversifier : « j’ai pris des vaches, des poules, je plante des arbres fruitiers. Le but est aussi de faire un peu moins de vignes ». L'agriculteur de 29 ans a une exploitation bio. Une démarche de plus en plus courante dans le paysage agricole français. Selon l’INSEE, le nombre d’exploitations agricoles engagées dans une démarche de productions biologiques a été multiplié par 2,5 en l’espace de dix ans. Cette volonté d’une agriculture plus proche de la nature s’explique aussi par l’émergence de nouveaux profils d’agriculteurs. Des jeunes qui veulent produire à moins grande échelle et vendre eux-mêmes leurs produits sur les marchés. Pourtant, depuis le Covid, le marché du bio est en crise. En 2023, les grandes surfaces ont réduit de 11 % le nombre de leurs références de produits bio.
Cette nouvelle génération n’endigue pas la diminution du nombre de petites exploitations, et cela profite aux plus grandes : « Toutes les petites exploitations qui se terminent sont mangées par des grosses et si on ne veut pas finir avec 100 000 agriculteurs qui vont exploiter tous les terrains, il nous faut des gens qui mettent les mains dans la terre », explique Benoît Marchand. Entre 2000 et 2020, la surface agricole moyenne utile dans une exploitation, soit la surface exploitable, a augmenté de 64 %, passant de 42 hectares à 69 hectares. Il y a donc de moins en moins d'agriculteurs en France mais leurs exploitations sont de plus en plus grosses.
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