Au cours de cette conférence, Didier Breton, maître de conférences en démographie, Mathieu Lefebvre, professeur d'économie et Catherine Rongieres, gynécologue obstétricienne, discutent de la question de la procréation et abordent ce thème sous plusieurs angles grâce à trois experts.
I . Démographie – Didier Breton
La démographie est une discipline assez ancienne qui naît au milieu du XVIIe siècle avec la création des tables de mortalité, mais depuis bien plus longtemps, déjà chez les Grecs et les Romains existaient des doctrines liées à cette question des naissances et du lien avec l’accroissement ou pas de la population. Plus proche, de nous c’est Malthus fin XIX qui met la question au cœur des débats.
La démographie est une science de la mesure des dynamiques démographiques et leurs évolutions dans le temps et les espaces géographiques, mais aussi sociaux, culturels, économiques.
Pour bien compter il faut d’abord définir et je voudrais donc d’abord rappeler et distinguer trois termes qui souvent dans le discours commun se confondent :
Le premier est le nombre de naissances sur une période et sur un territoire. Ce nombre dépend évidemment du nombre d’hommes et de femmes en âge de procréer, mais aussi de leur comportement. Les comportement reproductifs : rapports sexuels, conception qui dépend de la contraception, la fertilité, la mortinatalité – les fausses couches – mais aussi les interruptions volontaires ou médicales de grossesse et qui termine éventuellement par une naissance. Ce qui contribue alors à la fécondité et c’est ce qui nous intéresse ici.
On peut ainsi avoir une natalité déclinante sans baisse de la fécondité ou encore une natalité en augmentation ou stable forte malgré une fécondité faible. (Cf. Voir les pyramides)
La natalité baisse et la pyramide se creuse en 10 ans à peine on voit le creux se former.
En France la fécondité a bien baissé et baisse depuis 2010 – 2011. On est passé de 2,03 enfants par femme à 1,67 en 2023. Mais attention, c’est une mesure du moment. On a déjà connu cela au début des années 1990. Si tout le monde reporte ces projets féconds une même et au final mène à bien son projet dans les années qui suivent, l’Indice conjoncturel de fécondité remonte. Ça a été le cas après les années 1990.
De plus, en 1990 l’âge au premier enfant et aux naissances tout court était plus jeune et il y avait une marge de récupération qui est nettement plus réduite aujourd’hui.
Le désir d’enfants était encore soutenu, et il semble fortement baisser ces derniers temps, notamment dans les générations des plus jeunes.
Quel que soit le scénario, dans les générations on arrivera pas au seuil de 2 qui assure le renouvellement d’une population fermée (sans migration).
Bilan démographique - INSEE
Donc à la question "Continuerons-nous à faire des enfants ?” La réponse est évidemment OUI, mais la question est de savoir : combien ? Et est ce assez pour renouveler les générations ?
C’est en tout cas une des préoccupations des politiques aujourd’hui, qu’ils soient à droite ou à gauche de l’échiquier politique – j’exclu les VERTS peut être…
A gauche pour le droit au temps libre et au bonheur – en famille.
A gauche pour des questions de valeurs familiales, mais aussi culturelles.
Mais à une période plus ancienne les raisons étaient aussi en lien avec la force du pays.
Quel n’a pas été notre étonnement de revenir à cette période quand le Président à parler de « réarment démographique ».
Cette affiche date de 1924 et est publié par l’Alliance française pour la croissance de la population.
Archive – diminution de la natalité
La première et la seconde transition démographique sont des mouvements longs et assez universels de l’évolution des populations.
La première s’est traduite par une fécondité proche de 2,0 enfants par femme.
La seconde par une fécondité plus proche de 1,5.
Concernant le reste de la planète aujourd'hui, la moyenne en Asie du Sud-Est est de 1,0 ; 0,7 en Corée du Sud et de 1,2 enfant par femme au Japon. En Amérique du Sud, celle-ci est de 1,7, en Europe, elle est de 1,5 et seulement à 2,2 à l'échelle de la planète.
Pourquoi la fécondité baisse ?
Une partie de la réponse dépend dans le contexte européen et Français, mais aussi de tous les pays avec une fécondité basse : de la part de celles et ceux qui n’en auront pas.
En effet pour atteindre 2,0 enfant par femme si 15% n’a pas d’enfant, il faut que celles et ceux qui en ont au moins 1 en aient en moyenne 2,5.
Si la proportion passe à 30%, la moyenne par mère doit être de 3,0 enfants en moyenne…
Et si un modèle avec 15% sans enfant / 20% avec un seul et tous les autres en font que 2 🡪 on arrive à une moyenne de 1,5 – la moyenne en Europe aujourd’hui.
Ces chiffres font fortement réfléchir et comprendre l’enjeu. Les politiques familiales existantes font toutes l’hypothèse d’un désir d’enfant dans la population. Mais quel est ce désir d’enfant aujourd’hui, notamment dans les générations les plus jeunes.
Un argument nouveau : le climat / un argument plus anciens : l’égalité entre les sexes. L’enfant ou la décision d’avoir un enfant est peut-être tout simplement descendu dans la hiérarchie des priorités à arbitrer.
Réarmez mon salaire
II. Économie – Mathieu Lefebvre
Retour sur les théories de la natalité Thomas Malthus/Gary Becker/Richard Easterlin
Portraits
Déterminants micro-économistes
Evolution du taux d’activité économique par genre
Approche macro-économique
Evolution du PIB
III. Gynécologie – assistance à la procréation – Catherine Rongières
Qu’est-ce que le plan de fertilité ?
Baisse de la fertilité liée à l’âge
Infertilité, vraiment ? L'importance de l'âge du premier enfant qui retarde.
Graphique âge du premier enfant
Préservation de la fertilité, de quoi s’agit-il ? Pourquoi ?
Préservation fertilité
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