"Que dis-tu aux gens qui aimeraient que tu aies foi en Dieu ? – Ben, il faudrait d’abord qu’ils croient en moi." Il s’appelle effectivement Pascal, celui qui répond ainsi. La quarantaine, il est porteur d’un handicap mental. Il a accepté d’être interviewé dans le cadre d’une vidéo "Persona Très Grata" qui donne la parole à des personnes handicapées sur des sujets aussi divers que l’argent, la politique, l’amour, le handicap, la souffrance, Dieu… Autant de sujets qui font nos vies à tous, mais sur lesquels on n’a pas forcément l’habitude d’écouter ces personnes qui ont une déficience intellectuelle. Elles ont pourtant beaucoup à dire pour qui sait les écouter.
Pascal se prête donc aux questions avec gravité. Son visage est ouvert, mais marqué par la souffrance, presque douloureux. Il ne laisse passer aucune émotion, aucun sourire. Il réfléchit longuement avant de donner une réponse souvent grave et brève à la journaliste qui l’interview. Parfois il choisit explicitement de ne pas répondre, par exemple quand il s’agit de parler d’amour, sa profondeur laissant place alors à la pudeur.
Pascal confesse ainsi qu’il n’a aucune croyance. Et il ajoute donc cette invitation étonnante à ceux qui le regretteraient : "Il faudrait d’abord qu’ils croient en moi !", sans autre explication qu’un long silence. Je ne sais pas ce qu’il a voulu dire exactement. Mais je ne peux m’empêcher de penser à ces mots de Jésus, au chapitre 14 de l’Evangile de Saint Jean : "Vous croyez en Dieu ? Croyez aussi en moi". À sa manière, Pascal nous adresse le même appel : "Vous croyez en Dieu ? Croyez aussi en moi, Pascal". En Mathieu, Jésus nous dit aussi : "Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait".
Lorsque nous croyons en Pascal, c’est, d’une certaine façon en Lui, Jésus, que nous croyons. Devenir l’ami de Jésus est une invitation constante à devenir l’ami des faibles et des petits. Sœur Emmanuelle, des chiffonniers du Caire, avait eu ces mots : "Je crois en Dieu bien sûr, c'est ma source. Mais je crois que c'est plus important de croire en l'homme puisque Dieu s'est fait homme pour aider les autres."
Nous sommes en carême depuis deux semaines. C’est un moment qui nous est donné pour progresser, dans notre foi en Dieu, certes, mais aussi dans notre foi en nos proches, notamment les plus fragiles. Pascal a besoin que l’on croit en lui pour découvrir, si Dieu le veut, l’amour inconditionnel dont il est aimé. C’est vrai pour Pascal, et c’est vrai pour chacun de nous !
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