Face aux difficultés qu'ils rencontrent ces dernières années du fait notamment du dérèglement climatique, des viticulteurs font le choix de la diversification en plantant notamment de la pistache. C'est le cas par exemple de Thomas Paul dont l'exploitation est installée à Montfort-sur-Argens, dans le Var.
"C'est un arbre très rustique, qui a une capacité de résistance à la sécheresse extrêmement forte", explique Thomas Paul en tenant dans sa main la branche de l'un de ses premiers pistachiers, planté sur un terrain de 6 hectares à Montfort-sur-Argens, dans le Var. "C'est un arbre qui a entre 4 et 5 ans. Donc on commencera à avoir une récolte l'année prochaine, anecdotique mais quand même une récolte", poursuit le viticulteur qui après avoir vécu 7 incidents climatiques en 9 ans a ressenti le besoin de diversifier sa production afin de garantir la pérennité de son exploitation.
Si un pistachier commence à donner au bout de 6 ans, il est pleinement productif à partir de 8. Les fruits seront récoltés 30 jours avant maturité, entre le 15 août et le 15 septembre, pour proposer des pistaches vertes émondées, pistaches dont on a retiré la coquille et la petite peau. "La valeur de la pistache verte émondée dépend de sa concentration en couleur verte. La couleur est liée à la variété. Il en existe plus de 2 500 dans le monde. Nous nous avons planté 6 variétés femelles et deux mâles", détaille Thomas Paul.
Ces pistaches seront traitées dans un atelier de transformation, qui devrait voir le jour fin 2026, début 2027 à Brignoles, puis commercialisées en France. "Le fait d'être pistache verte, on sort du produit agricole brut pour aller vers un produit agricole ingrédient transformé. La clientèle de ces produits là c'est la nougaterie, confiserie, chocolaterie et la charcuterie haut de gamme, des industriels de l'agro-alimentaire, avec des cahiers des charges très drastiques. Comme un ingrédient répond à une recette, le fait d'intégrer une recette fait que l'on protège d'une certaine façon la valeur de ce produit".
En plus de la partie production, Thomas Paul accompagne, à travers sa pépinière, d’autres viticulteurs, agriculteurs ou des producteurs de lavande dans les Alpes-de-Haute-Provence notamment, eux aussi confrontés à certaines difficultés, qui souhaitent également se lancer sur ce marché. De 100 à 120 hectares de pistachiers sont plantés sur l’arc méditerranéen chaque année en moyenne.
La relance de cette filière, dont les dernières traces remontent à la fin du 19e siècle en France, est vue d'un bon œil par le Département du Var. Pour son président, elle peut générer une nouvelle source d'emplois, à destination notamment des bénéficiaires du RSA accompagnés par la collectivité. "C'est un travail que nous sommes en train de mener, en liaison avec les syndicats agricoles, pour leur redonner le goût de découvrir des métiers parfois oubliés et à y trouver du plaisir. Ce sont des activités qui demandent des savoir-faire techniques avec des revenus qui peuvent être intéressants", relate Jean-Louis Masson. Un greffeur de pistachier peut gagner jusqu'à 200 euros par jour.
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