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Dans les Hautes-Alpes, sur la route des migrants qui traversent la frontière

Un article rédigé par Stèvelan Chaizy-Gostovitch et Clotilde Dumay - RCF, le 25 février 2022 - Modifié le 25 février 2022
Le dossier de la rédaction[Présidentielle 2022] La voix des régions - Dans les Hautes-Alpes, sur la route des migrants qui traversent la frontière

À moins de deux mois de l'élection présidentielle, RCF poursuit son tour des régions en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dernière étape à Briançon, dans les Hautes-Alpes, point d'étape des migrants qui traversent la frontière franco-italienne.

À Montgenèvre, les migrants empruntent un chemin enneigé pour passer la frontière, tout près des pistes de ski  ©RCF / Clotilde DumayÀ Montgenèvre, les migrants empruntent un chemin enneigé pour passer la frontière, tout près des pistes de ski ©RCF / Clotilde Dumay

Présidentielle : la voix des régions

 

"Présidentielle : la voix des régions", c'est une série d'émissions spéciales à l'occasion de l'élection présidentielle pour donner la parole aux Français. Du 31 janvier au 8 avril, durant six semaines spéciales, des journalistes du réseau RCF vont sillonner six grandes régions françaises à la rencontre des citoyens, pour entendre leur voix sur des sujets essentiels de la campagne.

 

Du 21 au 25 février, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur est à l'honneur. Chaque jour dans la Matinale RCF, découvrez un reportage de 7 minutes (à 7h12). Rendez-vous le vendredi 25 février pour une matinée spéciale (de 6h30 à 11h) en direct de Gap.

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La vue sur les Alpes est imprenable, depuis le toit. De là, quelques réfugiés observent les montagnes traversées dans la nuit. Ils sont une trentaine à avoir rejoint les Terrasses solidaires, ce jour-là. "Les premiers migrants qu'on a vu apparaître ici, en 2015, ont été hébergés chez l'habitant, se souvient Jean Gaboriau, administrateur bénévole au sein de l'association Refuges solidaires. Mais l'année suivante, le flux a commencé à être important, donc il a fallu trouver un lieu solide pour les accueillir." L'association s'est finalement installée dans les Terrasses solidaires, où 60 exilés peuvent être abrités au maximum.

 

En cause : la guerre, mais pas seulement

 

"Au départ, c'était principalement des Africains francophones qui venaient en Europe, souligne Jean. Mais depuis pratiquement deux ans, on a des personnes qui viennent d'Afghanistan, d'Iran, d'Irak. Leur arrivée est souvent liée à des problèmes économiques, climatiques et un peu à la guerre, mais ce n'est pas la principale raison. Il y a des tensions ethniques qui font qu'il y a une 'fatwa' sur une famille, qui n'a donc pas d'autre choix que de fuir, et de payer le voyage à l'enfant prodigue pour aller vers l'exile et rapporter des sous."

 

Parmi eux : Sadek. "Je suis arrivée par avion de Turquie, témoigne ce jeune Algérien. J'ai continué à pied jusqu'en Grèce, puis Albanie, Bosnie, Croatie et Italie. J'ai mis deux ans pour faire ce trajet parce que je suis resté longtemps en Bosnie : j'ai essayé plusieurs fois d'entrer en Croatie, mais je me suis fait arrêté par la police. Donc passer de l'Italie à la France, pour moi, c'était plus facile." Comme d'autres, il a passé la nuit ici, dans l'une des chambres de ces Terrasses solidaires, qui ont été rénovées pour un million d'euros, grâce à des financements privés.

 

Des maraudes organisées

 

"Là, c'est la pièce commune qui sert de réfectoire à l'heure des repas, puis de salle de jeu ou de discussion, indique Jean Gaboriau. Ici, c'est la maroquinerie, avec des sacs à dos, des chaussures classées en fonction des pointures. Et des bottes qui font la navette : lorsqu'elles arrivent, on les désinfecte puis on les renvoie en Italie, pour que les gens puissent retraverser la frontière. Enfin, la cuisine, où trois repas sont préparés chaque jour, en partie grâce à des dons qui viennent de privés, d'entreprises, de magasins."

 

Au-dessus du refuge, à dix minutes de voiture, Montgenèvre. Quelques lacets d'une route sinueuse emmènent jusqu'aux pistes de ski. Chalets, remontées mécaniques et... police aux frontières. Dans un utilitaire, deux virages avant la frontière italienne, quatre gendarmes patientent. Ils observent les montagnes. Il est 11h45. Direction Clavière, en Italie, un village frontalier. À cette heure-ci, un bus s'arrête, souvent emprunté par des migrants. Aujourd'hui, une femme afghane et son fils de 5 ans attendent. Ils cherchent à passer en France. "Vous pouvez nous aider ?", demande-t-elle timidement. Elle empruntera finalement un chemin enneigé, à deux pas des skieurs. Difficile de savoir précisément combien ils sont dans ce cas. "Le rôle premier de l'État c'est de s'assurer que les gens qui rentrent ont le droit de rentrer", explique Martine Clavel, préfète des Hautes-Alpes.

 

La difficile mission de solidarité

 

La préfète des Hautes-Alpes est consciente du risque de la traversée. "Lorsque le secours en montagne est appelé, la gendarmerie de haute montagne se dirige au secours de ces personnes, souligne-t-elle. Elles sont vues par les sapeurs-pompiers. Ces personnes ont accès aux soins."

 

C'est aussi ce que fait la maraude à laquelle participe Pâquerette. De jour comme de nuit, cette membre de l'association Tous Migrants sillonne les routes de la vallée parce qu'en hiver, les conditions de passage sont rudes. Les températures négatives ralentissent la progression, mais cette année, c'est surtout la glace qui est dangereuse avec des périodes de douceur puis de gel. Les risques ? "Hypothermie, gelures et perte de repères", indique Pâquerette.

 

Aujourd'hui, Briançon au quotidien, ce sont des arrivées de réfugiés, le jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre, la solidarité... Et ce constat de Jean Gaboriau : "Merci l'État ! Ils nous ont envoyé deux escadrons de gendarmerie pour bloquer la frontière et grâce à ça, ils passent toujours."

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