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De Notre-Dame à la censure, tous nos paradoxes en une semaine. Par Aymeric Christensen

Un article rédigé par Aymeric Christensen - RCF, le 5 décembre 2024 - Modifié le 6 décembre 2024
Le point de vue de 7h20De Notre-Dame à la censure, tous nos paradoxes en une semaine. Par Aymeric Christensen

LE POINT DE VUE D'AYMERIC CHRISTENSEN - Cette fin d’année devait être celle des célébrations de réouverture de Notre-Dame de Paris, elle est aussi celle de l’aggravation de la crise politique. Et s’il y avait une leçon à tirer de cette grande contradiction ?

Aymeric Christensen © DRAymeric Christensen © DR

Entre la réouverture de Notre-Dame et la chute du gouvernement, Emmanuel Macron vit une semaine à double face.

Le président au centre du chantier

La semaine du grand paradoxe, illustrée par deux images qui s’entrechoquent. Deux récits opposés. Deux sentiments antagonistes. D’un côté, la renaissance spectaculaire d’une cathédrale que le monde entier a vue brûler en 2019 ; de l’autre, la décrépitude tout aussi spectaculaire de notre vie politique. Et au cœur de ces contrastes : Emmanuel Macron, incarnation vivante de ces contradictions.

Le président aime être au centre du jeu. Et il l’est, dans les images comme dans les esprits. Pour le meilleur et pour le pire. Certes, les véritables héros du chantier de Notre-Dame sont les donateurs et les artisans. Mais il faut reconnaître que c’est aussi la détermination d’Emmanuel Macron qui a permis de créer les conditions nécessaires pour relever le défi fou d’une restauration en cinq ans.

Cependant, lorsque cette détermination vire à l’obstination, elle précipite aussi, comme avec la dissolution et les législatives, la crise politique actuelle. Et ce chantier-là, bien plus complexe, ne sera probablement pas restauré en cinq ans…

Un chantier de l’effort commun

Vendredi dernier, le Président a vanté la restauration de Notre-Dame comme une "métaphore de la vie de la nation" et un "antidote à l’abattement". Il aurait tort de s’en priver, bien sûr. Mais la métaphore ne se situe peut-être pas exactement là où il l’imagine. Peut-on réellement admirer la résurrection de Notre-Dame sans contempler, en parallèle, les ruines politiques et sociales qui l’entourent ?

Le tableau d’ensemble n’est pas une allégorie triomphante. C’est aussi une vanité, cette œuvre symbolique qui, à travers sa beauté, invite à méditer sur l’impermanence des choses.

Avec un peu de recul, l’enseignement est plus riche. Rendez-vous compte : dans ce pays, nous sommes capables d’accomplir des merveilles lorsque nous avons un but commun, malgré les désaccords – et il y en a eu, sur ce chantier aussi ! Mais dès que les fractures idéologiques, les querelles d’ego et les jeux de pouvoir reprennent le dessus, tout vacille et s’effondre. Politiquement : déficits, impossibilité de voter un budget, censures répétées. Socialement : services publics à bout de souffle, économie en tension, liens sociaux fragilisés. Toute l’ambiguïté de la France résumée en une seule semaine.

Ne pas détourner les yeux

Alors, que faire ? Faut-il renoncer à célébrer la réouverture de Notre-Dame pour se concentrer uniquement sur ce qui va mal ? Absolument pas ! Mais détourner les yeux des ruines, en espérant que la nef éclatante de Notre-Dame retrouvée suffira à les masquer, serait une erreur.

Ce chantier n’est pas celui de l’audace, comme le clame Emmanuel Macron, mais plutôt celui de l’effort collectif, de l’expertise et de l’expérience, mises au service d’un projet plus grand. Chaque fois que nous oublions cela, nous risquons la catastrophe. Dans un pays qui s’habitue un peu trop à l’idée du déclin, peut-être est-ce là la véritable leçon de cette histoire.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h20
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