Nous nous rendons dans le Brabant wallon pour ce premier débat régional. Nous abordons avec nos candidats des questions qui touchent de près leur région et la Wallonie. Du développement économique de Louvain-la-Neuve à la situation préoccupante des CPAS, de la grogne des agriculteurs à la question cruciale de la dette wallonne… Rejoignez-nous pour un débat captivant en vue des élections régionales de juin prochain.
Dans ce deuxième débat électoral animé par Frédéric Matriche, les candidats abordent des thématiques régionales concernant la province du Brabant wallon. Les candidats sont Anne Lambelin, tête de liste PS en Brabant wallon ; Mathieu Michel, secrétaire d’Etat à la Digitalisation et ancien président du conseil provincial MR du Brabant wallon ; Aurélie Maréchal, 1ère suppléante Ecolo Bw ; et Armelle Gysen 2ème de liste régionale Les Engagés BW.
Que pensent les candidats du développement économique dans la province du Brabant wallon, et en particulier de la ville de Louvain-la-Neuve et de ses environs : ce développement est-il assez performant, doit-on aller plus loin ?
Anne Lambelin (PS) : "lors d'un débat au Cercle du Lac, j'avais une discussion collective avec des patrons sur le soutien au PME, qui est absolument essentiel et qu'on doit poursuivre. Et aussi sur le développement de la transition de ces PME dans la transition climatique, la transition sociale et la transformation aussi de la nature de l'emploi. J'ai l'impression que les patrons, en Brabant wallon singulièrement, ont très bien compris".
Armelle Gysen (Les Engagés) : "Louvain-la-Neuve c'est la pépite dont nous avons besoin pour l'avenir, parce que c'est un véritable moteur du Brabant wallon, et son développement n'est pas terminé. Il y a sept parcs scientifiques en Wallonie dont 4 à Louvain-la-Neuve !
La force de cette ville, c'est d'avoir attiré non seulement une pluralité de profils - puisque aujourd'hui on y crée des logements sociaux, des logements traditionnels et puis aussi des logements de standing - mais c'est surtout d'avoir attiré des entreprises au sein des parcs scientifiques qui ont cette contrainte de devoir à la fois travailler sur la recherche et l'innovation, mais aussi de collaborer avec les universités. Et c'est ça la force économique de Louvain-la-Neuve qui a rejailli sur les communes satellites et qui a créé un véritable boom de population. Cette force économique, elle se manifeste notamment dans l'indicateur de performance sur le niveau d'enseignement en Brabant wallon, puisque la région est numéro 2 en Europe."
Aurélie Maréchal (ECOLO) : "Louvain-la-Neuve, c'est un laboratoire où l'on peut créer l'économie de demain, en combinant ce dynamisme économique. C'est un modèle qui peut être répliqué dans d'autres endroits où l'on voit que de plus en plus de gens cherchent, et les entrepreneurs aussi, à avoir une proximité des services, une accessibilité des transports et une qualité de vie aussi à poursuivre".
Mathieu Michel (MR) : "Cette réussite brabançonne n'est pas le fruit du hasard. Des éléments sont essentiels. D'abord, ce sont les talents d'un territoire. C'est la formation, la recherche. En ce sens, l'UCLouvain a été un catalyseur de talent. Le deuxième élément, ce sont les infrastructures : vous avez besoin en fait qu'on investisse dans des espaces, dans des projets structurants qui permettent à la fois de stimuler l'économie, mais aussi d'attirer ces fameux talents. On devait être attractifs pour les investissements. Et donc on a mis en place une série de politiques locales, dont notamment des fiscalités excessivement faibles, qui étaient très attractives pour l'investissement".
La situation des centres publics d'action sociale est-elle devenue compliquée ? Est-ce général dans le Brabant wallon ?
Armelle Gysen (Les Engagés) : "On sait que le nombre de personnes qui bénéficient d'un revenu d'intégration sociale a doublé en 20 ans. Il faut faire face à ces dépenses et à ces nouveaux publics qui arrivent. Je pense qu'aujourd'hui, ces CPAS qui fonctionnent avec une énergie formidable doivent se tourner au niveau du financement vers les communes qui ont l'obligation de porter le poids financier des CPAS et qu'il va falloir en donner. Il faut aussi limiter le temps du chômage à deux ans et rendre ces deux années productives pour mieux accompagner, pour ouvrir vers des filières de formations, et remettre à l'emploi. Je pense que c'est la solution".
Plus d'argent pour les CPAS, est-ce la solution ?
Aurélie Maréchal (ECOLO) : "Il est absolument nécessaire de renforcer les moyens structurels, avant tout en renforçant la part de l'intervention fédérale dans le revenu d'intégration sociale. Parce qu'il n'y a pas de raison que ce soient les communes qui doivent prendre à leur charge, en tout cas une part plus forte selon leur situation locale. Ce qui est vraiment important, c'est aussi la bonne utilisation des moyens. Et pour ça, il y a deux éléments que sont la nécessité d'avoir une individualisation des droits, et une automatisation des droits".
Mathieu Michel (MR) : "On peut générer la solidarité, mais il va falloir réussir à créer les moyens qui permettent cette générosité. Je pense que l'essentiel de ce qu'on doit développer, ce sont des pistes qui peuvent être au niveau de la remise à l'emploi, de l'efficacité sur le travail. En fait, à un moment donné, si vous ne solutionnez pas le problème à la base, c'est-à-dire un équilibre serein et efficace qui permet à la fois de créer de la richesse, mais une juste redistribution, vous ne pourrez pas solutionner quelque part ce dernier maillon de la chaîne qui est toujours le dernier à intervenir, que ce soit en matière d'aide sociale, ou dans d'autres domaines.
Anne Lambelin (PS) : "Il faut faire beaucoup plus de préventifs et moins de curatifs. Limiter les allocations de chômage reporte le problème sur les CPAS seront amenés à distribuer beaucoup plus de revenus d’intégration sociale. La solution, c'est de travailler en amont, sur la qualité de l'emploi. Il y a énormément d'efforts à faire pour rendre l'emploi beaucoup plus qualitatif, combat des agriculteurs et en fait inciter aussi les personnes à la remise à l'emploi. Je rappelle aussi que les sanctions existent déjà pour les chômeurs de longue durée, donc on ne va pas réinventer la poudre non plus".
Mathieu Michel (MR) : "Améliorer l'efficacité de l'Etat ! le problème n'est pas de l'argent qu'on veut chercher dans la poche des gens. Le problème, c'est la façon dont on dépense. Et je peux vous dire que quand on observe un petit peu la façon dont l'argent est dépensé dans notre pays, on sait trouver effectivement des logiques de rationalisation. Et pour ça, on doit avoir des trajectoires budgétaires qui sont rigoureuses, responsables, sensées, de bon sens. Et ça, c'est effectivement ce qu'on voulait importer au débat politique".
Aurélie Maréchal (Ecolo) : "faciliter et rendre abordables les choix écologiques pour tout le monde. Il va falloir accélérer, amplifier la transition ; mais pour ça, il faut soutenir les entreprises, soutenir les gens pour pouvoir isoler leur logement, avoir un logement qui consomme moins, qui est plus agréable, avoir des facilités, des possibilités de se déplacer à vélo, en bus, en train, avoir la possibilité d'avoir une alimentation saine près de chez soi. Tout ça, c'est les éléments dont on a besoin et qui sont à la fois bons pour la planète. Pour ça on a besoin d'investissements et d'accompagnement."
Armelle Gysen (Les Engagés) : "Redonner de l'oxygène à la population, augmenter le pouvoir d'achat et mettre en place notre grand plan de réforme fiscale qui a été validé par deux experts de renom, dans lequel on ne veut plus des petites réformes à droite et à gauche qui colmatent, mais un grand changement. On veut creuser l'écart entre le travail et le chômage en valorisant le salaire des travailleurs de près de 450 euros net par mois, et on veut arrêter la taxation sur les 1000 premiers euros gagnés."
Anne Lambelin (PS) : "J'ai envie de parler du logement, mais aussi de la transition climatique. Sans transition sociale, il n’y a pas de justice climatique. Quand on réfléchit à la transition, on doit réfléchir d'abord à ce que chaque citoyen y ait accès, selon ses propres moyens ; à ce que chaque entreprise puisse s'inscrire dans les objectifs 2050 de décarbonation et zéro carbone ainsi que les objectifs internationaux. C'est une remise en question du système qu'il faut avoir. Enfin, quand on parle de transition et d'investissement dans la transition, il faut réfléchir aux termes supranationaux au niveau européen et au financement de cette transition."
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