Finistère
La tempête Ciaran va amener avec elle des vagues d’une hauteur significative. C’est la conjonction de plusieurs phénomènes, expliquent les spécialistes de l’Ifremer.
Les vagues générées par Ciaran seront assez exceptionnelles pour les côtes du Finistère. En Atlantique, les vagues plus grosses, en hauteur moyenne, tournent autour de 20 mètres. Avec Ciaran, les prévisions font état de vagues d’une hauteur moyenne de 10 mètres, ce qui est déjà énorme pour la Bretagne ! En prévision, la préfecture maritime de l’Atlantique et la préfecture du Finistère demandent d’éviter de s’approcher du littoral. Et en mer, deux remorqueurs, dont l’Abeille Bourbon, prépositionné sur Ouessant, sont en alerte pendant tout l’épisode. Dès mardi, plusieurs cargos avaient annoncé leur intention de se dérouter vers plusieurs baies du Finistère pour s’abriter.
La hauteur des vagues vient à la fois de la vitesse du vent et de la longueur sur laquelle les vagues peuvent se développer, ce qu’on appelle le « fetch ». En général, ces longueurs font plusieurs milliers de kilomètres. « Si vous avez des vents très fort, cela ne va pas forcément suffire pour faire des très grosses vagues », explique Fabrice Ardhuin, directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’océanographie physique et spatiale à l’Ifremer. « C’est pour cela que dans les ouragans, on n’a pas les vagues plus grosses. Souvent les ouragans ne se déplacent pas comme il faut pour continuer à amplifier la règle. Mais si vous avez une tempête qui se déplace pile à la bonne vitesse avec des vents assez fort, cela pourra faire des très grosses vagues ! En pratique, les cas les plus favorables pour avoir les plus grosses vagues, c’est quand la tempête se déplace à la même vitesse que l’énergie des vagues ! »
Dans l’Atlantique nord, le maximum de hauteur de vagues se trouve plutôt au large, entre le Groenland et l’Irlande. De temps en temps, mais c’est plus exceptionnel, cela se passe plus près de la côte. « Le vent maximum est toujours plus au large, ce qui fait que ce qui arrive à la côte, c’est plutôt de la houle », continue Fabrice Ardhuin. « Par rapport à la tempête, les vagues sont déjà dispersées. Alors que cette fois-ci, la forte génération va se faire jusqu’à la côte parce que le vent va rester très fort jusqu’à la côte. Les vagues n’auront donc pas la place pour s’étaler et pour se disperser. » Des phénomènes de surcote sont également à craindre. Il est possible d’avoir un mètre ou deux de hauteur d’eau en plus à cause des vagues.
« Ce qui va aussi beaucoup impacter, au-delà des vagues, ça va être le niveau d’eau », abonde Nicolas Raillard, ingénieur de recherche au Laboratoire d’hydrodynamique marine de l’Ifremer. « Là, on a de la chance que la tempête arrive un peu après les grandes marées et ne sera pas concomitante avec des niveaux de marées importants. » Néanmoins, la situation sera quand même à surveiller et Ciaran va générer des risques de submersions marines assez sévères. « Toute la façade atlantique est concernée et cela va déborder aussi vers l’Angleterre qui s’attend à voir des vagues relativement extrêmes en Manche. Cela va créer des hauteurs de vagues qui pourront être encore plus rares dans la Manche que ce qu’elles seront sur les côtes atlantiques. »
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !