D’où vient-il ? Alors, contrairement à ce qu’on peut imaginer, voilà un mot qui ne commence pas bien sa carrière en langue française. Pourquoi ? Parce qu’il est au tout départ péjoratif, désignant ceux qui s’adonnent à la mode anglaise à des voyages d’agrément en parfaits oisifs. Il convient de souligner qu’en vérité, le mot « tour », construit à partir du verbe tourner, du latin tornare, au départ façonner au tour, désignait en français le fait notamment de parcourir un cercle, et du coup en passant en anglais, tour, avec l’accent de Shakespeare, il prit aussi le sens de partir d’un endroit de l’Angleterre, puis faire un joli périple pour le plaisir de la découverte mais permettant de revenir au point de départ.
Faire un tour en somme, cette formule française étant toujours existante, c’est déjà un peu du tourisme, même si on en oublie alors le sens géométrique. C’est cependant d’abord en Angleterre que s’installa ce concept de plaisir du voyage en faisant une boucle, à l’échelle d’une journée, puis de plusieurs jours, cela en Angleterre, mais aussi assez vite en passant par Paris, ville touristique s’il en est, et c’est ainsi que le mot « tourism », sans e en anglais prit de l’ampleur pour finalement gagner un e en français pour désigner cette agréable pratique, oubliant au passage son origine anglaise. L’anglais « tourism » est attesté depuis 1811, mais il y avait aussi l’anglais touring, usité pour désigner l’activité de voyage d’agrément, tourism ayant eu une valeur péjorative qu’il a perdue depuis.
Quant au touriste, attesté dès 1803 en français, dès 1780 semble-t-il en anglais, on en trouve trace chez Balzac. Le mot avait et garde des synonymes : estivant, excursionniste, globe-trotter, randonneur, voyageur, visiteur. Évidemment, le « tourisme » s’oppose au « travail », pas question d’aller en touriste travailler à l’étranger. Aucun doute aussi, certaines villes, notamment en France, vivent du tourisme. Enfin, être touriste n’est pas forcément de tout repos. Je me souviens sous la « moiteur », avoir visité quelque « moutiers », …vous savez, ces monastères. Bon, je l’avoue, je voulais absolument glisser des anagrammes du mot tourisme, avec moiteurs et moutiers, au pluriel.
Quoi qu’il en soit évitons la définition des verbicrucistes : touriste, « pigeon voyageur ». Voyageur, oui, mais pigeon, non alors… même si on revient sans un sou.
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