Il y a un mois, les 12 millions d'élèves français retrouvaient les bancs de l'école. Une rentrée difficile à tous les niveaux dans les écoles, collèges et lycées. Mixité sociale dans les établissements, harcèlement dans les cours de récréation, et pénurie d’enseignants, les dossiers brûlants se sont accumulés sur le bureau de Gabriel Attal. Parmi cette liste, le nouveau ministre de Éducation nationale doit prendre la mesure du cas des Accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH).
Ils sont plus de 132 000 en France. Les Accompagnants d'élèves en situation de handicap sont dans la rue aujourd'hui pour manifester contre la précarisation de leur profession. Composé à 93 % de femmes, le métier n'attire plus faute de moyens, alors que la demande est toujours plus importante.
Si la pénurie d'AESH se fait ressentir partout dans le système scolaire, ce sont bien les enfants en situation de handicap qui en sont les premières victimes. Plusieurs milliers de familles sont mises sur le carreau depuis la rentrée 2023. C'est notamment le cas de Karine Joyer, maman de Léo, 6 ans, qui s'est vu notifier seulement douze heures d'accompagnements, contre 22 heures l'année dernière. La raison : "il n'y en a aucune", fait savoir Karine.
C'est la Maison Départementale pour les Personnes Handicapés qui impose ce nouveau rythme. Bien que le dossier de Léo doit repasser en commission le 11 octobre prochain, la nouvelle a été très mal reçu par ses parents. "Léo a les capacités de suivre une scolarité normale si on les aide. Plus tard, on en fera des adultes autonomes insérés dans la société", raconte la maman non sans émotion.
Des exemples comme celui de Karine, il y en a des centaines en France. Il suffit d’appeler un établissement scolaire pour comprendre que le problème de suivi d’élève est systémique. À l’école Notre Dame de Bellecombe dans le 6e arrondissement de Lyon, le nombre d’AESH a chuté. "Avant, on était quatre AESH sur quatre niveaux. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que deux. Je me retrouve avec quatorze élèves sur trois niveaux", regrette l'une des deux AESH de l'établissement scolaire.
"Nous, on aime notre métier, mais c'est très frustrant. Les élèves aussi peuvent finir par être en souffrance. Tout ça pour un salaire misérable", poursuit-elle. Aujourd'hui, un AESH en temps partiel gagne en moyenne entre 800 et 900 euros par mois.
Si l'Éducation nationale doit une nouvelle fois jouer les pompiers de service en offrant une prime exceptionnelle de 500 euros supplémentaires en octobre, c'est le chantier d'une reconnaissance profonde et active de la profession qui doit être lancé, assurent plusieurs professionnels du secteur. En clair, les moyens ne sont pas à la hauteur des ambitions d'une école inclusive.
La première cause d'un tel déficit, elle est mécanique. Il y a, dans les écoles beaucoup plus d’élèves diagnostiqués qu’auparavant. Mathématiquement, la demande d’AESH est plus importante. En face : les budgets n’ont que légèrement augmenté (+6% sur l'ensemble de l'Éducation nationale), mais pas suffisamment pour combler le déficit.
La deuxième cause des difficultés est plus technique et plus administrative. Elle trouve son origine dans la création des PIAL, les pôles inclusifs d'accompagnements localisés. Ils sont censés répondre à tout cet enjeu, mais se sont vite transformés en mille-feuilles administratifs. "Le fonctionnement n'a pas été "nationalisé". Il y a des grosses problématiques de personnels qui sont maltraités. Dans certaines régions, des AESH ont dû accompagner dix élèves sur 24 heures", raconte une professionnelle du secteur. "C'est un fusible, ça ne fonctionne pas", conclut-elle.
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