En fin 2022, relate le Centre de recherches pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), 15,9% des Français n’arrivaient plus à se nourrir correctement, la moitié d’entre eux se restreignaient sur les soins médicaux. C'étaient les plus jeunes les plus touchés avec 1 sur 4 qui ne mangeait pas à sa faim. Si cela était très visible cet hiver à travers les files devant les épiceries solidaires, le problème n'a pas disparu après les partiels.
L’inflation en constitue une cause majeure. La même semaine, a été annoncé que durant les JO 2024, les étudiants logés dans les Crous d'Île-de-France vont devoir laisser leurs chambres d’hôtels, que certains payent très cher en fonction de leurs moyens, pour que les bénévoles des dits JO puissent s’y installer.
La pauvreté atteint particulièrement les jeunes à cause de plusieurs causes - "les jeunes" et non "la jeunesse" car comme l’écrit le pape François dans Christus Vivit (exhortation sur la jeunesse rédigée en 2018) : la jeunesse n’est pas une chose qu’on peut analyser de manière abstraite. En réalité, "la jeunesse" n’existe pas ; il y a "des jeunes" avec leurs "vies concrètes".
On pourrait aussi citer les taux de dépression qui en découlent, le mal logement des jeunes en général, nombre de problèmes liés à l’emploi et j’en passe. Ce ne sont que des mots, mais qui pour beaucoup d’entre nous font échos à des réalités concrètes, complexes, souvent difficiles : de grâce même si beaucoup de choses vont bien, ne nous habituons pas à cette misère.
Ce qu’il me tient à cœur de souligner, comme ont pu le faire nombre d’activistes jeunes, c’est que ma génération et la suivante ont des défis à relever bien différents de nos aînés : nous parlions emploi ou alimentation, mais ne sont mis en lumière que récemment les questions de changement climatique, d’effondrement de la biodiversité, les problèmes du système scolaire ou de révolution numérique qui font apparaître un épais nuage de brouillard sur notre avenir ce qui peut être dur à comprendre pour quelqu’un ayant eu son printemps de vie dans les années 80.
Si je n'avais qu’un axe à souligner, j’aurais bien évoqué le RSA jeune qui répondrait à plusieurs problématiques mentionnées mais je voudrais prendre un axe rarement pris : la nécessité dans l’accompagnement des jeunes d’avoir des adultes qui sont justement… le plus adulte possible. Alors, nombreux sont les psys à dire que le monde est rempli d’enfants apeurés qui essayent d’être adultes derrière leurs carapaces. Mais comment un jeune peut-il se construire si son entourage n’est pas pleinement mature, responsable, à l’écoute, humble et j’en passe ? Là serait une bonne question à se poser en ce début de semaine : qu’est-ce qu’être adulte ? Le suis-je au mieux ? Qu’attendent de moi les enfants et les jeunes autour de moi ?
Je voudrais clore cet édito par un souvenir. À ce micro je critique pas mal de choses, c’est vrai. Mais à Rome pour Christus Vivit justement le pape nous avait demandé de "crier avant que les pierres ne le fassent". Alors permettez-moi de le faire encore ce matin et de terminer encore avec une parole du pape dans Christus Vivit : « J’invite avec insistance les jeunes à ne pas se laisser dérober l’espérance, et je répète à chacun : "Que personne ne méprise ton jeune âge." (1 Tm 4, 12) »
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
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- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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