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En partenariat avec Sans transition !
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L'envie de printemps est synonyme de terrasses, et de café au soleil du matin. En traversant de jolis villages, dans plusieurs coins de France, j’ai été frappée du nombre de cafés fermés, tristes devantures qui signifient autant de moments conviviaux disparus.
Le sait-on assez ? On comptait plus de 500.000 bistrots au début du XXe siècle, 200.000 en 1960. Ils seraient aujourd’hui 40.000. D’après l’Union des métiers et des industriels de l’hôtellerie, il n’était plus possible de prendre un café sur un zinc dans 26.000 communes françaises en 2018. Soit dans sept villages sur dix.
La faute à quoi ? On pourrait citer pêle-mêle la télévision, le prix des consommations, celui des loyers pour les commerçants, les hypermarchés, la désertification rurale... Autant de sujets qu’il faudrait étudier de près pour mieux comprendre. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu'un bistrot qui ferme, c’est de la vie commune qui disparaît. On réalise son importance le jour où il disparaît.
Pourtant, comme dans bien des situations où l’on a le sentiment de toucher le fond, un phénomène de rebond - certes timide - voit le jour. La Fédération nationale des bistrots de Pays se bat pour le maintien ou la reprise de ces établissements dans les communes de moins de 2.000 habitants. Le programme "1.000 cafés" vise le même objectif : recréer des activités pérennes. Car il faut toute une équipe pour faire vivre un bistrot : un territoire prêt à l’accueillir, une équipe municipale convaincue des enjeux et aussi, bien sûr, des créateurs ou des repreneurs motivés et pleins d’énergie.
J'ai découvert l’un de ces nouveaux bistrots, il s’appelle Lalalandes, comme un hommage au département 40 (Les Landes) et un clin d'œil à la comédie musicale. Ici, on vient prendre un verre accompagné de produits locaux, un café, on vient passer une soirée jeux de société ou tricoter l’après-midi, écouter des musiciens ou participer à un vide-grenier. Ainsi Éva peut-elle accueillir des clients d’âges divers à des plages horaires différentes. Au bout d’un an d’activité, la jeune femme se dit pleine d’espérance. Le socle de son projet : favoriser le lien social est en passe d’être gagné : "Beaucoup se sentent comme à la maison", dit-elle, un sourire dans la voix.
Éva renouvelle à sa façon une tradition très ancienne, qui fait du bistrot une étape intermédiaire entre le domicile et le lieu de travail, comme l’explique le sociologue Pierre Boisard, spécialiste du sujet. Il permet de rompre la routine, de s’ouvrir à d’autres mondes, de faire des rencontres, d’écouter les propos qui s’échangent ou de participer au débat. Certes, le bistrot a longtemps souffert d’une mauvaise image, lieu de naufrage alcoolique, interdit aux femmes, trop populaire... Les choses bougent enfin mais il faudra du temps, de l’énergie, des modèles financiers pour que refleurissent en campagne ces lieux où se tissent loin des écrans et des réseaux sociaux d’autres échanges. Pour de vrai.
Sources
> "Comment nos bistrots de village tentent de résister", Le Dauphiné libéré, 02/04/2023
> La page Facebook du Café Lalalandes à Saint-Sever (40)
- "La vie de bistrot", de Pierre Boisard, éd. PUF, 2016, 216 p., 19 euros
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