Rebaptisés, «groupes de besoin », les groupes de niveaux feront leur rentrée en septembre 2024 au collège en maths et le français L’arrêté est paru dimanche au journal officiel.
L’arrêté a été publié au journal officiel dimanche 17 mars. La mesure entrera en vigueur en mathématiques et en français pour la rentrée de septembre prochain pour les 6e et 5e, puis en 2025 pour les 4e et 3e. Le terme groupe de niveau a disparu au profit de "groupes constitués en fonction des des élèves".
Ce changement de vocable est lié à l’opposition des syndicats d’enseignants qui redoutent un tri des élèves, mais aussi aux désaccords entre Gabriel Attal et Nicole Belloubet l’actuelle ministre de l’éducation. Le Premier ministre en avait fait sa mesure phare lors de son passage rue de Grenelle. Nicole Belloubet avait, elle promit la semaine dernière plus de flexibilité dans le dispositif. Les groupes seront ouverts et les classes rassemblées de une à dix semaines.
Mais après des semaines de consultations, les syndicats d’enseignants ne sont pas plus convaincus. "Il y a eu une avancée dans la rédaction des textes mais, l’arrêté contient une contrainte tellement forte sur la mise en œuvre, avec un pilotage central, et peu d’autonomie laissée aux établissement, qu’on ne voit pas comment on va pouvoir faire des groupes flexibles à la rentrée" s’inquiète Caroline Brisedoux, secrétaire nationale de la fédération SGEN-CFDT. "Il y a un problème de moyens. Pour faire des groupes, il faut diviser les classes et donc avoir plus d’enseignant à ce stade les moyens n’ont pas été donné." ajoute-t-elle.
Ce type de groupes existe dans d’autres pays, alors sont-ils efficaces pour élever le niveau ? "La recherche internationale montre qu’ils n’ont que peu d’effets sur les résultats scolaires. En revanche, on observe des effets négatifs sur le bien-être des élèves" explique Amaël André, professeur des universités en sciences de l’éducation à l’université de Rouen Normandie, auteur d’une étude à paraître avec Jonas Didisse, docteur en économie de l’éducation.
Selon ces deux chercheurs, ces groupes de niveau pourraient être efficaces, si cinq conditions sont respectées. "La première c’est que ces groupes doivent être ouverts avec la possibilité pour les plus faibles d’intégrer celui des forts lorsqu’ils progressent et inversement si un élève du groupe fort à des difficultés" indique Jonas Didisse.
Deuxième condition : il faut maintenir le niveau d’exigence pour les élèves les plus faibles, où les enseignants ont tendance à simplifier les apprentissages et cela creuse les écarts. "Souvent, les difficultés scolaires se complètent de difficulté de comportement. Ces groupes doivent aussi être encadrés par des enseignants expérimentés et rodés à la gestion de classe" souligne Amaël André.
Il est également important aux yeux des chercheurs "de construire un sentiment d’appartenance des élèves à une classe surtout en 6e". Enfin, il faudrait veiller à ce que "les élèves dans le groupe fort ne soient pas dans un esprit de compétition" avec l’ensemble de la classe. Pour ne pas accroître une comparaison sociale déjà très fortes chez les adolescents
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