À une semaine des élections présidentielles américaines qui oppose Kamala Harris et Donald Trump, décryptage des spécificités du scrutin outre-Atlantique avec Eric Beaty, ancien directeur de l'institut franco-américain à Rennes, ancien attaché aux affaires économiques et commerciales au consulat. Membre du parti démocrate, il est également président du comité de jumelage Rennes-Rochester.
Le 5 novembre, c'est la date des élections américaines mais le vote a pourtant déjà commencé?
Éric Beaty : Le vote anticipée a déjà commencé. Les 150 millions d'électeurs américains peuvent aller aux urnes directement le 5 novembre ou bien, comme c'est le cas dans 49 États, ils peuvent voter par anticipation.
On peut aussi voter par correspondance, je l'ai fait moi-même.
L'élection présidentielle est un scrutin présidentiel au suffrage indirect. Il y a un collège de 5387 grands électeurs pourquoi?
Les Pères fondateurs des États-Unis voulaient qu'il y ait une élection dans chaque état. Et pour ne pas que les petits états ne soient trop isolés, ils voulaient leur donner un peu de pouvoir. Ce qui fait qu'un petit état comme le Wyoming a autant de sénateurs qu'en Californie. Les petits états ont donc pas mal de pouvoir dans le collège électoral.
Quel est le rôle des grands électeurs après le jour du vote?
Mi-décembre, les grands électeurs vont partir à Washington pour dire "Voici pour qui mon État a voté". Ils sont obligés de voter selon la volonté du peuple de l'état. Mais il peut y avoir des électeurs infidèles, des "faithless electors". C'est arrivé une centaine de fois dans l'histoire des États-Unis, depuis 1796.
Pourquoi y a-t-il autant de temps entre le jours du vote et le jour où les grands électeurs confirment le vote le 17 décembre?
N'oublions pas que les pères fondateurs étaient pour la plupart, des agriculteurs. Il fallait rentrer les récoltes à cette période de l'année. Le temps qu'ils arrivent à la capitale, il leur fallait plusieurs semaines à cheval. Les distances étaient grandes. C'est la même chose pour la validation du vote par le Congrès qui n'arrive que le 6 janvier de l'année suivante. Dîtes-vous même que l'investiture n'avait pas lieu le 20 janvier, comme aujourd'hui, mais le 4 mars. C'était très très long comme processus ! Tout a changé sous Franklin D. Roosevelt.
Les spécialistes évoquent un scrutin serré, vous êtes d'accord?
Les élections sont de plus en plus difficile à lire depuis 2012. Romney était donné gagnant par les sondages face à Obama, mais finalement les sondages ce sont trompés. En 2016, les sondages donnaient Hillary Clinton, vainqueur et c'est Donald Trump qui l'a emporté. Les sondages, actuellement, il faut s'en méfier un peu. Je n'ai pas de boule de cristal, donc je ne sais pas.
Quels sont les États qui pourraient faire basculer cette élection présidentielle selon vous?
Il y en a sept, ce sont les fameux États pivots, les "swing states" : la Géorgie, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie, le Wisconsin, le Michigan, le Nevada et l'Arizona.
Il y a aussi le Texas qu'il faudra surveiller. On ne sait pas pourquoi, mais l'écart se resserre dans cet État.
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