Alsace
Un centre droit traditionnel dans les campagnes, une gauche en force dans les grandes villes, un seul candidat pour le Rassemblement National : les Alsaciens ont décidé de maintenir la plupart des députés sortants. Qu’est-ce qui explique ce vote ? Comment analyser cette campagne express dans les circonscriptions alsaciennes ? Allons-nous vers une politique du compromis ?
Avec Félicien Rondel des Dernières Nouvelles d’Alsace, Stéphanie Wenger du Monde, et Yolande Baldeweck du Figaro, retour sur ce moment politique hors du commun, vu d’Alsace.
Sur les 9 circonscriptions du Bas-Rhin, 7 députés sortants ont été réélus. Parmi eux, Charles Sitzenstuhl (Renaissance) dans la circonscription de Sélestat retrouve son siège à l’Assemblée, avec 55% des suffrages exprimés. Le même score pour Louise Morel (Modem) à Molsheim et le Républicain Patrick Hetzel (LR°, pourtant largement défait au premier tour dans la circonscription 7 en Alsace Bossue et à Saverne par le Denis Kieffer (RN).
Le Nouveau Front Populaire conforte son ancrage à Strasbourg dans les deux premières circonscriptions du Bas-Rhin, qui restent dans les mains d’Emmanuel Fernandes et de Sandra Regol du Nouveau Front Populaire (NFP). L’union de la gauche décroche également la troisième circonscription de Strasbourg Nord acquise à Bruno Studer (Renaissance) depuis 2017.
Dans le Haut-Rhin, les 6 députés sortants ont été réélus. Une élection serrée pour le député sortant de la 4e circonscription, le LR Raphaël Schellenberger, qui s’impose finalement avec 50.68 % des voix face à la RN Marion Wilhelm.
Brigitte Klinkert (Renaissance) et Olivier Becht (SE), tous deux anciens ministres, ont eux aussi été réélus respectivement dans la 1ère et dans la 5ème circonscription.
Les habitants du Nord Alsace n’en pouvaient plus de ce sentiment d’abandon et de ne pas être écoutés par Paris et les dirigeants
Le RN n’est arrivé en tête que dans une circonscription, mais poursuit son évolution. Ainsi, dans le Bas-Rhin, le Rassemblement National à obtenu 37% des suffrages, tandis qu’en 2022 il n’en avait que 23%.
Comment expliquer ce score ? “Les habitants du Nord Alsace n’en pouvaient plus de ce sentiment d’abandon et de ne pas être écoutés par Paris et les dirigeants”, estime Théo Bernhardt, élu RN avec 52 % des voix dans la circonscription 8 (Wissembourg). Une première depuis 1986 où Gérard Freulet et Robert Spieler, deux députés du Front National (FN) ont représenté pendant deux ans Mulhouse et Strasbourg à l’Assemblée Nationale.
Preuve en est de cette montée en puissance du RN : le parti s’est invité dans les deux triangulaires strasbourgeoises, dont celle du nord (circonscription 3). Bien que remportée par Thierry Sother (NFP-PS), devant le sortant Bruno Studer (Ensemble) la circonscription et ses électeurs ont placé la candidate du RN Stéphanie Dô à 24,27% :
“La candidate RN qui était déjà candidate en 2022 double son score à Strasbourg, ce qui remet en question l’analyse qui voudrait voir deux France, une France des périphéries et une des villes” perçoit Félicien Rondel.
Une culture du compromis
Sur le vote RN, “l’Alsace vote différemment du Grand Est” analyse Yolande Baldeweck. En effet, 17 députés RN ont été élus dans la grande région, dont 4 (sur 9 circonscriptions) en Moselle.
Pour l’avenir, en Alsace comme dans le reste de la France, le nouveau visage de cette assemblée sans majorité pose question. Fabienne Keller, députée européenne alsacienne et ancienne ministre, appelle de ses voeux "une culture du compromis", de mise au Parlement Européen. “Sandra Regol fait elle aussi référence au Parlement Européen, à un fonctionnement politique plus parlementaire, plus basé sur des discussions au cas par cas”, précise Stéphanie Wenger.
Des discussions qui pourraient rapidement concerner l’avenir de l’Alsace dans le Grand Est, au cœur des enjeux du territoire.
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