L’année 2020 a été la plus chaude jamais enregistrée en France, et la décennie qui vient de s’écouler a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Des records qui devraient être battus de plus en plus régulièrement, tant que les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas suffisamment. "En fait, on a augmenté le 'chauffage' d’à peu près 1% depuis une centaine d’années, explique le climatologue Jean Jouzel. C’est ce qui est à l’origine du réchauffement climatique que nous connaissons actuellement." D’après les spécialistes, si rien n’est fait pour lutter contre ce réchauffement climatique, la température moyenne de la surface de la Terre pourrait augmenter de 4 à 5 degrés d’ici la fin du siècle.
C’est la raison pour laquelle les pays du monde se sont engagés, en 2015 dans l’Accord de Paris, au moment de la COP21, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, pour contenir l’augmentation de la température moyenne en-dessous de 2 degrés. Mais pour l’instant, les États n’arrivent pas vraiment à suivre cette feuille de route.
Ils avaient promis de revoir leurs engagements tous les 5 ans, et c’est d’ailleurs ce qu’est en train de faire l’Union européenne : "Nous sommes en train de négocier une nouvelle loi climat qui rehausse fortement l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, de 40 à 55 voire 60%, précise Yannick Jadot, eurodéputé et membre d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Cela va se traduire par une série de nouvelles règles : on va notamment devoir booster nos objectifs en matière d’efficacité énergétique, accélérer la transition vers les énergies renouvelables, mais aussi augmenter le prix du carbone pour réorienter l’industrie et augmenter les normes en matière de pollution de l’air pour les transports."
Plus largement, les dirigeants mondiaux devaient aussi faire un point sur leurs engagements en novembre dernier, pendant la COP26 prévue à Glasgow, en Écosse. Mais en raison de l’épidémie de Covid-19, l’événement a été décalé à novembre prochain, ce qui fait donc de 2021 une année cruciale. "La COP26, c’est le lancement d’une nouvelle phase de l’Accord de Paris : les États vont devoir faire ce qu’ils ont promis, espère Marine Pouget, la chargée de mission pour les coalitions multi-acteurs internationales à l’ONG Réseau Action climat en France. Donc le sujet clé, c’est le soutien financier : 2021 doit être l’année où les États investissent fortement pour le climat. Par ailleurs, on doit pouvoir vérifier si les États ont bien réalisé ce qu’ils ont promis. C’est un processus qui doit commencer à partir de la COP 26."
Cette année, Marine Pouget a envie d’y croire car toutes les planètes sont alignées : "Avec l’élection de Joe Biden, les États-Unis rentrent de nouveau dans le jeu, s’enthousiasme-t-elle. Et puis cette année, le G7 sera présidé par le Royaume-Uni, ce qui va peut-être permettre de mettre le climat très haut dans l’agenda. Même chose pour le G20, avec la présidence de l’Italie. Dans ces arènes, il y a les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, donc on est dans un contexte qui paraît favorable."
Reste ce point négatif : la France, pays hôte de la COP21, semble être à la traîne par rapport à d’autres grandes puissances. "Elle a été au sommet de l’engagement climatique en 2015, mais elle est en régression depuis, note Marine Pouget. Beaucoup d’engagements ne sont pas respectés, et la Convention citoyenne pour le climat en est un peu l’illustration. La France a un visage encourageant au niveau international, mais quand il s’agit de la mise en œuvre nationale, concrète, il y a des blocages."
De quoi laisser de la place aux écologistes, à un peu plus d’un an de la prochaine élection présidentielle. Mais encore faudra-t-il que les cadres d’EELV évitent les divisions, et réussissent à rassembler : "Si, dans ce moment incroyable de responsabilité, les écologistes devaient revenir aux guerres picrocholines, nous ne serions pas à la hauteur de nos responsabilités", prévient Yannick Jadot, prêt à s’engager pour 2022.
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