Emmanuel Macron recevra en fin de matinée les maires de plus de 220 communes éprouvées par une semaine d'émeutes urbaines. "Il faut d'abord qualifier les événements avant d'en tirer des conclusions", estime le chef de l'Etat en amont de la réunion.
Ils n'avaient pas besoin de ça. Déjà asphyxiés par l'inflation normative et en proie à l'agressivité ordinaire qui prolifère contre eux, les maires de France n'avaient pas besoin d'une semaine de saccages comme celle qui vient de s'écouler. Mardi 27 juin, le jeune Nahel succombait à Nanterre, sous le feu d'un policier, à la suite d'un refus d'obtempérer. Un élan de violence s'est alors répandu comme une traînée de poudre dans les cités françaises, touchant de nombreuses communes. A l'appel du président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, des rassemblements de soutien aux édiles ont eu lieu lundi 3 juillet sur les parvis des mairies de France. "Voir ces émeutes, avec de nombreuses collectivités impactées, des bâtiments publics attaqués, mais surtout certains de mes collègues agressés, me met bien évidemment en colère", soupire Murielle Fabre, maire de Lampertheim (Bas-Rhin) et secrétaire générale de l'AMF.
Voir ces émeutes, avec de nombreuses collectivités impactées, des bâtiments publics attaqués, mais surtout certains de mes collègues agressés, me met bien évidemment en colère
L'Alsacienne se fait l'écho d'une immense émotion. "Avec l'ensemble des maires de France, on l'a profondément marquée hier midi avec nos rassemblements pacifiques en soutien aux maires agressés, et plus particulièrement celui de L'Haÿ-les-Roses". Dans la nuit de samedi à dimanche, un sommet d'ignominie a sans doute été atteint. La maison du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) Vincent Jeanbrun a été attaquée à la voiture-bélier, alors que s'y trouvaient son épouse et ses enfants. La secrétaire générale de l'AMF relaie "l'appel au calme, à l'apaisement, au retour de l'ordre républicain nécessaire sur notre territoire" lancé lors de la mobilisation d'hier.
L'assaut de L'Haÿ-les-Roses, dernier épisode en date du feuilleton infernal des violences contre les élus, reflète un phénomène inquiétant qui s'amplifie ces dernières années. Murielle Fabre s'inquiète des "agressions physiques contre les élus, qui sont en forte augmentation", ainsi que, pêle-mêle, "la montée des incivilités, cette crise civique qui traverse notre société, le sens du collectif qui n'existe plus, l'hystérisation des propos que l'on retrouve dans les médias". Comme élue locale, elle observe une "violence sous-jacente qui n'attend que d'être attisée, et c'est là où la parole de certains élus est regrettable".
Murielle Fabre appelle à chercher "le ciment qui peut remettre en place la cohésion nationale", pour "une société avec chacun sa responsabilité, chacun son rôle, chacun sa place". Malgré ce sombre contexte, elle ne croit pas que la fraternité, souvent considérée comme le parent pauvre du triptyque républicain, soit un vain mot. "Je ne pense pas, martèle-t-elle, quand on voit la mobilisation d'hier sur le territoire". Il ne faudrait pas oublier que la majorité silencieuse aspire à une vie tranquille, à des rapports sociaux paisibles. "Je pense sincèrement que cela anime la majorité d'entre nous, il faut juste redonner leur place à nos valeurs, rappeler ce que veut dire ‘Liberté, égalité, fraternité'", insiste-t-elle, manifestement désireuse de réhabiliter la notion de fraternité en lieu et place d'une autre, qui semble l'avoir remplacée dans les esprits. "Le vivre-ensemble, qui est devenu un mot un peu galvaudé, n'a finalement plus tellement sa place aujourd'hui".
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