Plus de cinq millions d’habitants, 57 000 km 2 et limitrophe de 4 pays : la région Grand Est est un territoire regorgeant d’atouts. De la recherche d’une identité commune aux défis européens, tour d’horizon des sujets dont devront s’emparer les candidats en campagne.
"Présidentielle : la voix des régions", c'est une série d'émissions spéciales à l'occasion de l'élection présidentielle pour donner la parole aux Français. Du 31 janvier au 8 avril, durant six semaines spéciales, des journalistes du réseau RCF vont sillonner six grandes régions françaises à la rencontre des citoyens, pour entendre leur voix sur des sujets essentiels de la campagne.
Du 21 au 25 mars, la région Grand Est est à l'honneur. Chaque jour dans la Matinale RCF, découvrez un reportage de 7 minutes (à 7h12). Rendez-vous le vendredi 25 mars pour une matinée spéciale (de 6h30 à 11h) en direct de Strasbourg.
La région existe depuis 2016 et pourtant. Les maisons à colombages restent alsaciennes, la plus belle place d’Europe lorraine et les bouteilles de champagnes, champenoises. L’Alsace refuse encore le Grand Est cinq ans plus tard, la Lorraine et la Champagne-Ardenne s’y sentent effacées.
Jean-Pierre Jager, fondateur du magazine lorrain La Semaine, pointe l’un des paradoxes de cette région : "La vraie essence de la Lorraine est l’axe Nord / Sud et c’est, je pense, un de ses principaux combats pour les temps à venir." La Lorraine, en intégrant le Grand Est, s’est retrouvée enclavée dans un axe qui n’était pas le sien. "On a vécu paradoxalement au cours des 20 dernières années une orientation complètement Est-Ouest : on s’est battu pour l’avoir mais un TGV, en France, ça rapproche de Paris, ça se met sur un axe Strasbourg-Paris. Ensuite, la région Grand Est a transformé notre univers géographique en un univers Est-Ouest", nous explique-t-il. Ce changement d’axe a de lourdes conséquences. "On se trouve avec une région qui ne peut même plus prendre le train pour partir de Nancy ou Metz jusqu’à Lyon sans passer par Strasbourg ou Paris."
Pourtant, le Grand Est est une région très riche. En démontre la Champagne Ardennes et sa boisson, produit de luxe que tout le monde connaît. Mais après deux ans de crise sanitaire, la guerre en Ukraine interroge : comment prévoir les conséquences de cette guerre sur des exportations internationales voire mondiales ? Alain Sacy, président du champagne Louis De Sacy, membre du MEDEF de la Marne, se montre "très confiant". "On regarde surtout la guerre en Ukraine avec désolation. Le consommateur de champagne, dans le monde entier, a aujourd’hui un engouement pour le produit."
La Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et même la Suisse : la région est une porte d’entrée vers l’Europe. Chaque jour, un mouvement pendulaire s’opère entre des milliers de Lorrains et le Luxembourg. Le Grand Duché attire pour ses salaires plus élevés, ce qui sert à la Lorraine pour Roger Cayzelle, président de l’Institut de la grande région : "110.000 Lorrains vont travailler au Luxembourg et reviennent le soir dans des embouteillages assez impressionnants. Quand ils reviennent, ils dépensent leurs salaires pour des biens de consommation : c’est un aspect très positif avec le Luxembourg." Mais ce n’est pas seulement le côté pécunier qui rend transfrontalier. "Si le Luxembourg propose beaucoup d’emplois, il aspire aussi des compétences. Les conditions de travail et d’accueil sont meilleures. Les entreprises ne font pas de tri entre les origines ethniques. L’attrait du travail joue, indiscutablement."
Ces déplacements provoquent aussi un engorgement des réseaux routiers. Pour désengorger la Lorraine, les élus locaux se mobilisent… Depuis vingt ans. Le dossier de l’A31 fait du sur-place, il s’enlise : assurément, c’est un dossier que les candidats à la présidentielle devront prendre en main.
Le Grand Est compte quatre centrales nucléaires, dont trois encore actives. Deux sont dans les dans les Champagne-Ardenne, à Nogent-sur-Marne et à Chooz, une autre en Moselle à Cattenom. À Fessenheim, en Alsace, le démantèlement prononcé en 2020 reste incompris. 700 personnes y travaillaient... "C’est d’autant plus injuste qu’on a besoin d’électricité, d’électricité décarbonée. Fessenheim serait bienvenue sur le réseau", insiste Alain Besserer, délégué syndical Force Ouvrières. "On est doublement sacrifié aujourd’hui. Le même président qui a décidé de la fermeture, aujourd’hui il dit qu’il veut relancer le nucléaire."
À noter que la centrale de Fessenheim est un des nombreux sujets incontournables de l’Alsace. L’Alsace qui bénéficie d’une collectivité européenne unique en France mais de forces transfrontalières et de richesses, notamment viticoles.
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