Quand on se promène dans les allées du marché aux fruits de Bogota, ou même dans une grande partie du pays, on a l'impression que la paix est enfin revenue après un conflit de plus de 50 ans. En septembre 2016 à La Havane, puis en novembre 2016 à Bogota, des accords de paix ont été signés entre le gouvernement du président Juan Manuel Santos et les FARC, les principales forces armées du pays. Mais si une diminution des assassinats a été constatée, il est difficile de parler d'un réel contexte de paix. Thierry Lyonnet rencontre des acteurs de l'Église et des membres d'ONG engagés pour la paix.
Parmi ceux qui ont participé aux accords de paix de La Havane, le directeur de la pastorale sociale Caritas, Mgr Héctor Fabio Henao, qui est aussi président du conseil national de Paix et réconciliation en Colombie. Il explique que depuis que le processus de paix a été entamé en 2016, le nombre de personnes assassinées ou déplacées a sensiblement diminué. En revanche, la réintégration économique et sociale des combattants des FARC, "marche de façon très lente". L'évêque voit là "une des grandes faiblesses du processus".
En juin 2018, une coalition de droite est arrivée au pouvoir, opposée aux accords de paix tels qu'ils ont été signés. Fin août 2019, des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ont annoncé vouloir reprendre la lutte armée. Et si la guérilla de l'Armée de libération nationale (Ejército de Liberación Nacional ou ELN) n'a pas encore déposé les armes, les groupes paramilitaires créés à l'initiative de propriétaires terriens, de l'armée ou des cartels de la drogue, sont toujours présents et pour certains se sont installés là où les FARC se sont retirés.
"On ne peut pas parler de paix quand il y a plus de 400 leaders qui ont été assassinés depuis deux ans, des leaders sociaux assassinés pour exprimer leurs idées", déclare Claire Launay, de l'ONG Transparencia por Colombia. elle ajoute qu'"il y a encore des combats" et "qu'on n'est pas encore du tout en contexte de paix".
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