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Explosion à Beyrouth: pourquoi l'enquête n'avance pas

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
L'invité de la rédactionUn an après l'explosion Beyrouth - Ziad Majed

Il y a un an, une explosion ravageait le port de Beyrouth. Une catastrophe qui a fait de cette capitale une ville meurtrie avec 214 morts et 6.500 blessés.

Explosion au port de Beyrouth, au Liban. 04/08/2020 ©UnsplashExplosion au port de Beyrouth, au Liban. 04/08/2020 ©Unsplash

Explosion à Beyrouth : l'enquête piétine

 

Les autorités avaient-elles consciences du risque que faisait planer sur Beyrouth les importantes quantités de nitrate d’ammonium stockées dans un entrepôt du port libanais ? Un rapport de l’autorité de sûreté locale les accable aujourd’hui. 214 morts, 6.500 blessés et l’exacerbation de la crise économique dans le pays, le bilan est lourd et le Liban peine à remonter la pente.

 

"L’enquête n’avance pas vraiment même si le juge d’instruction qui instruit l’affaire souhaite montrer son sérieux. Il souhaite entendre des responsables politiques et sécuritaires dans le pays, mais la classe politique refuse, en maintenant son immunité afin de protéger ceux qui sont impliqués dans la mauvaise gestion, dans la responsabilité et peut-être même dans la complicité de l’importation du nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth" explique Ziad Majed, politologue, chercheur à l’université américaine de Paris.

La piste syrienne

 

En parallèle de l’enquête officielle, un travail mené par des journalistes et Human Right Watch a démontré que la quantité de nitrate d’ammonium a été importée par une société écran gérée par des hommes d’affaires syriens du cercle étroit de Bachar el Assad. "On peut supposer que cette cargaison était destinée à la Syrie pour un usage militaire. C’est une rumeur" lance-t-il. Il existe enfin des rapports du FBI et de certains enquêteurs européens qui étaient sur place, et qui disent que seuls 500 tonnes sur les 2.400 ont explosé. "Ce qui veut dire que le reste a déjà été transporté, et qui nourrit encore une fois la thèse de la piste syrienne" ajoute Ziad Majed.

 

Le blocus de la classe politique semble néanmoins empêcher le pays de se reconstruire. Pour le politologue, ce n’est pas la première fois. "Nous avons connu une guerre civile au Liban durant 15 ans. Avec des invasions, des massacres, des bombardements. Et à la fin de la guerre, il n’y a pas eu de mécanismes de réconciliation, il n’y a pas eu d’enquête. Il y a eu des assassinats politiques. Très rarement, on a vu des enquêtes aboutir. L’impunité règne au Liban" analyse ce spécialiste du Liban.

Une classe politique corrompue

 

Mercredi 4 août se tient une conférence internationale en vue de réunir 350 millions de dollars d’aide d’urgence pour secourir les Libanais. Pas la première de ce genre. Communauté internationale impuissante. "Il y a une impuissance. Il faut des sommes énormes pour relever le pays. Avec une classe politique irresponsable et corrompue, cela n’est pas garanti. Il n’y a pas de gouvernement. La justice est sous pression pour ne pas avancer dans ces enquêtes. Il y a le sentiment que tout l’Etat libanais est en faillite, au-delà de la crise des banques, et du fait que la majorité des Libanais ont perdu leurs économies et n’attendent qu’un miracle qui n’arrive pas. Toute conférence est la bienvenue tant que l’argent ne passe pas par les responsables politiques libanais" conclut Ziad Majed.

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