"Alors que mon fils n’était pas encore diagnostiqué autiste, quel choc d’apprendre qu’il était considéré comme dangereux à l’école !" Cathy se souvient en ces termes de la violence qu’elle a subie quand son fils, Théo, a fait l’objet, de la part de son école, d’une "IP", une "information préoccupante". Son comportement déroutait les enseignants, qui ont pensé que c’était sans doute le fait d’un conflit parental, d’où l’IP. Il n’en était rien. C’était juste son handicap jusqu’alors ignoré qui en était la seule cause.
L’IP a été créée en 2007, qui permet à une cellule spécialisée de se saisir des situations ainsi déclarées. Il s’agit, on le comprend bien, de protéger les enfants, handicapés ou non, de risques de maltraitance. Le nombre d’IP ne cesse d’augmenter depuis lors, et notamment concernant des enfants handicapés. Selon la Fnaseph, fédération agissant pour la scolarisation des enfants handicapés, les familles ayant un enfant handicapé pourraient être sept fois plus souvent l’objet d’une IP que les autres ! Hélas trop souvent pour de mauvaises raisons.
Dans un rapport de 2015 à l’intention du défenseur des droits, la Fnaseph expliquait avoir recueilli de nombreux témoignages où l’IP était manifestement abusive. Et de donner des exemples où, en cas de tension entre les parents et l’institution scolaire, l’IP se transforme "en une arme pour obtenir l’exclusion de l’enfant handicapé du système scolaire". On est loin du "risque de danger", ni même d’une quelconque "considération relative à l’intérêt de l’enfant".
Quand c’est abusif, c’est même violent du début à la fin : "Une fois que l’IP est ouverte, la machine infernale est lancée", témoigne Myriam, maman dont deux enfants handicapés ont ainsi été victimes de signalements abusifs par leur école. Parents suspectés, intrusion des enquêteurs dans la vie intime, culpabilisation, peur du placement des enfants, l’IP devient une véritable humiliation, dont on sort laminé, même quand ça finit bien !
Alors même que ces familles sont déjà éprouvées par le handicap de l’enfant, les voilà soupçonnées d’incompétence parentale, et soumises à l’arbitraire de personnes qui ne connaissent souvent pas le handicap. L’information qui devrait particulièrement nous préoccuper, c’est la maltraitance au quotidien que vivent ces familles, du fait des défaillances et insuffisances des prises en charges en tous genres, qui les oblige à sacrifier leur vie, et à naviguer à vue dans un environnement souvent hostile, au prix d’un épuisement qui est source de tous les risques, pour elles, comme pour l’enfant !
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