Châteauroux
Aujourd'hui, nous sommes le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Focus sur une initiative menée par l'IUT de Bourges. Durant six mois, des étudiantes ont travaillé sur cinq sujets autour de l'émancipation des femmes et la maîtrise de leur corps, des années 70 à aujourd'hui.
« Quand une femme est violée, on commence par dire : elle n'avait qu'à pas porter un jean collant, elle n'avait qu'à pas sourire, elle n'avait qu'à pas sortir, elle n'avait qu'à pas, elle n'avait qu'à pas... À la limite, elle n'avait qu'à pas exister en tant que femme ! ». Ce sont les mots forts de Gisèle Halimi en 1977, l'une des figures majeures du féminisme en France. L'avocate est le point de départ de l'atelier fil rouge mené durant les six derniers mois par les étudiantes de la licence professionnelle "Gestion de la protection sociale", à l'IUT de Bourges. Une action en partenariat avec la Mairie, qui avait d'ailleurs inauguré le square Gisèle Halimi le 28 septembre dernier, dans le quartier Lahitolle.
Gisèle Halimi était encore une inconnue pour les étudiantes de l'IUT il y a quelques mois : « Tout notre groupe, même de nom, on ne la connaissait pas », concède Anna. La jeune femme a 23 ans, et a participé à l'atelier consacré à la vie et aux combats de l'avocate. Une découverte qui a laissé l'étudiante « admirative », et lui a surtout forgé une conviction : « Je pense que le combat n'est pas terminé ! Il ne faut pas se dire que, parce que l'avortement est légal en France [...], c'est dans la poche. Je pense qu'on avancera quand les hommes comprendront que le féminisme, c'est à la fois un devoir de femme, et un devoir d'homme. En soi, on vise juste l'égalité... »
Avortement, émancipation, grossesse, maternité, pression sociale... Les étudiantes ont travaillé en petits groupes de cinq sur chaque thématique. Léa a choisi les violences gynécologiques et obstétricales : « C'est une problématique que beaucoup de femmes rencontrent, et que j'ai aussi rencontrée », nous explique la jeune femme, pour qui ce sujet reste encore trop tabou, malgré les actualités récentes qui lui ont été consacrées. « Il y a des choses que [les médecins] nous demandent qui ne sont pas forcément recevables, comme se déshabiller complètement alors qu'on veut juste avoir la pilule, ou des choses comme ça. Il y a une certaine violence et le problème, c'est que ça peut impacter durablement les femmes. Des fois, ça peut mener vraiment à des problèmes sur le long terme. »
Chaque groupe a dû produire un document qui a donné lieu à une soutenance devant un jury. Un travail qui était noté, mais l'essentiel était ailleurs pour leur professeur Frédérique Barnier, enseignante-chercheuse en sociologie : « Qu'elles s'approprient cette cause des femmes. Qu'elles aient réfléchi par elles-mêmes. Que ce ne soit pas juste un travail imposé, que ce ne soit pas le coup d'une fois, que ce soit quelque chose qui, dans la durée, leur permette de s'approprier vraiment cette thématique... Et je crois que c'est gagné. »
En tout cas, les étudiantes que nous avons rencontrées, assurent que pour elles, il restera quelque chose de ce travail. Notamment, une parole plus libérée sur ces sujets difficiles, et une volonté de briser les non-dits.
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