J-206 avant le plus gros évènement de l’année 2024 : les Jeux Olympiques de Paris. Son organisation est un véritable casse-tête tant sur le plan logistique, sportif que sécuritaire. Ce dernier point est sans doute celui qui suscite le plus d’inquiétude. Mais le gouvernement assure être prêt et multiplie les annonces dans ce sens, ces derniers mois.
Avec un niveau Vigipirate en urgences attentat, le risque terroriste est dans toutes les têtes, pourtant, d’autres menaces planent sur le bon déroulement des Jeux Olympiques. Que ce soit le risque de trouble à l’ordre public avec les manifestations et revendications plus ou moins violentes de la part de syndicats ou de groupes radicalisés tels que l’ultra-droite ou les black blocs. Surtout il faut pouvoir assurer les flux et la sécurité des athlètes – notamment israéliens – qui pourraient également être de potentielles cibles.
Face à tous ces défis, le gouvernement multiplie les annonces. En octobre, Gérald Darmanin affirmait : « nous serons parfaitement au rendez-vous pour les Jeux à Paris », en précisant que les moyens pour assurer la sécurité seraient « décuplés », par rapport à ceux mobilisés pendant la Coupe du monde de rugby.
La mobilisation de l’armée, longtemps incertaine, a été confirmée cet automne. Près de 15.000 militaires seront ainsi mobilisés pour sécuriser les Jeux, dont plus de 10.000 en Île-de-France.
Côté police, les effectifs s’annoncent à la hauteur de l’évènement avec entre 90 et 100% de policiers présents sur 120.000 fonctionnaires, selon l’UNSA police. Mais leur présence pose un véritable défi en termes de ressources humaines. « Nous ce qu’on demande c’est d’avoir une visibilité sur les moments de récupération et sur l’organisation des congés pendant l’été, même si l’on sait très bien qu’ils seront largement diminués », explique Thierry Clair, secrétaire général adjoint de l’UNSA police.
Les policiers, qui pourraient travailler jusqu’à 12 heures d’affilée, et ce pendant 5 jours, réclament également une rémunération à la hauteur de leur investissement. « Les policiers sont prêts à faire des efforts mais il faut savoir comment on les compense », insiste Thierry Clair. Le ministre de l’Intérieur leur a donné rendez-vous début janvier pour faire le point sur toutes ces questions.
Pour assurer les flux de milliers d’athlètes et de millions de spectateurs, il faudra aussi la présence d’agents de sécurité privée. Le comité d’organisation estime les besoins à 17.000 agents de sécurité chaque jour et 22.000 en moyenne pour les jours de pic. Mais le secteur peine à recruter et « même si on avait un grand plan pour remédier à cette situation, c’est déjà trop tard », estime Stéphane Boudon, président du Syndicat national des employés de la prévention et de la sécurité.
« Rien qu’à l’heure actuelle, dans les effectifs de la sécurité privée en France, il manque 20.000 salariés et on nous explique qu’on va arriver à en avoir 20 ou 25.000 en plus. Ça veut dire que d’ici les JO il nous manque 40 ou 45.000 salariés, on ne les a pas et on ne les aura pas », martèle-t-il.
La faute à un métier peu attractif en raison du danger qu’il peut présenter et du faible salaire (environ 1800€ par mois en début de carrière). Mais c’est aussi l’une des conséquences de la loi sécurité globale, promulguée en 2021, et censée anticiper les besoins sécuritaires des JO. Ex-député LREM, Jean-Michel Fauvergue en était alors le rapporteur. Il admet que les exigences de la loi en matière de recrutement et de formation ont contraint les patrons des services de sécurité à « beaucoup mieux sélectionner leurs effectifs et donc à recruter moins que ce qu’ils auraient voulu ».
C’est justement pour faire face à ce manque de personnel, que le ministère de l’Intérieur a décidé de faire appel à ses agents administratifs. Les fonctionnaires volontaires suppléeront les forces de l’ordre dans certaines missions, telles que la détection d’engins suspects ou la fouille de personnes. Ils recevront une formation de 5 jours, soit l’équivalent de 30 heures.
On peut aller chercher qui on veut, de toute façon c’est pas sérieux
Si l’ancien chef du Raid Jean-Michel Fauvergue considère que c’est une bonne idée, certains dénoncent un manque de sérieux. « Ils n’ont pas d’expérience, souligne Stéphane Boudon, président du Président du syndicat CFTC-Sécurité privée. Sans aller jusqu’à l’attentat, ce n’est pas en 30 heures qu’on apprend à désamorcer un conflit par la parole, ce n’est pas non plus en 30 heures qu’on apprend à maîtriser quelqu’un ».
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