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Frédéric Dabi, et si on écoutait les français pour trouver un premier ministre ?

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 3 septembre 2024 - Modifié le 3 septembre 2024
L'Invité de la MatinaleFrédéric Dabi, directeur général de l'IFOP, spécialiste de l'opinion publique

Toutes les caméras du pays sont braquées sur l’Élysée dans l’attente de la nomination d’un nouveau Premier ministre. Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOP et spécialiste de l’opinion publique, était l'invité de la matinale RCF / RND ce mardi 3 septembre. Décryptage de l’état d’esprit des Français.

Frédéric Dabi ©Xose Bouzas Frédéric Dabi ©Xose Bouzas

“Les Français ne sont pas dans une logique de casting mais de résultat”

Les Français attendent de la politique qu’elle change leur vie quotidienne. Ils sont moins focalisés sur le choix d’une personnalité que ne l'est la classe politique. Selon les enquêtes qualitatives, les Français reprochent moins à Emmanuel Macron de ne pas avoir encore nommé un Premier ministre que d’avoir dissous l’Assemblée nationale. Cet acte a été incompris par la population et perçu comme irrationnel. C'est en substance le propos de Frédéric Dabi sur RCF et Radio Notre Dame ce mardi 3 septembre.

Ce qui structure les représentations du pays pour 72 % des Français, c’est quand même que la France est en déclin.

Depuis une trentaine d’années, l’IFOP mène une enquête sur l’optimisme des Français pour eux-mêmes et pour leurs enfants en pensant à l’avenir. Fin juin dernier, on avait atteint 83 % de pessimisme, un niveau jamais vu. Mais entre juin et l'enquête de la fin de la semaine dernière, l’optimisme est passé de 17 % à 39 %, soit une augmentation de 22 points. Les Français ont été fiers de leur pays durant les Jeux Olympiques. Le directeur général de l’IFOP et spécialiste de l’opinion publique explique que “ce qui structure les représentations du pays pour 72 % des Français, c’est quand même que la France est en déclin.” Le pessimisme français est lié selon Frédéric Dabi au sentiment de déclassement, qui se cristallise sur deux institutions perçues comme en crise : l’hôpital et l’éducation.

“On voit émerger des imaginaires, des systèmes de pensée”

La confiance accordée aux politiques s'est abimée en France. Mais on observe une confiance inédite dans les dirigeants d’entreprise. Observant l'histoire, Frédérique analyse : "Il y a 20 ans, lorsque Jean-Pierre Raffarin a assisté à l’université d’été du MEDEF, cela avait été perçu comme un véritable scandale par les jeunes et la gauche. Aujourd’hui, les Français comprennent mieux la segmentation entre les TPE et les PME. Bien qu’il y ait encore un regard sévère vis-à-vis des grands groupes, on ressent que le politique, à l’échelle nationale, ne change plus les mentalités." Ainsi les Français se tournent de plus en plus vers les entreprises non seulement sur les questions économiques, mais aussi de santé, de laïcité, de lutte contre les discriminations et d’intégration.

Bien qu’il y ait encore un regard sévère vis-à-vis des grands groupes, on ressent que le politique, à l’échelle nationale, ne change plus les mentalités.

Frédéric Dabi voit émerger des imaginaires, des systèmes de pensée en France. Selon le directeur de l'IFOP, ces imaginaires structurent le discours des Français. Ils diffèrent en fonction des appartenances territoriales, même si celles-ci se sont estompées. Ces imaginaires seraient façonnés par des croyances issues de la socialisation. “Les comportements peuvent évoluer rapidement, mais ce qui les motive sont des choses beaucoup plus immuables.” Aussi, on observe un décalage entre la fracturation du paysage politique et l’atténuation des différences entre les imaginaires des Français sur divers sujets : l’insécurité, l’immigration et l’éducation. Les femmes et les hommes politiques ne sont plus en phase avec les opinions de leurs sympathisants. Ainsi, conclue Frédéric Dabi "le blocage dans la nomination d’un Premier ministre n’est pas lié aux mentalités, mais à un nœud institutionnel au sein de l’Assemblée nationale."

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