
LA CHRONIQUE DES ENFANTS DU MEKONG - Aujourd’hui, Guillaume d'Aboville nous raconte sa visite en Birmanie, une terre marquée par la désolation mais où l'action à chaque instant de l’Eglise est source d'espérance.
Guillaume d'Aboville rentre tout juste de Birmanie. Dans l’obscurité, il a vu une petite lumière jaillissante.
Le pays est en guerre civile depuis 4 ans, 17M de personnes sous le seuil de pauvreté, 4M de déplacés.
C’est le temps de la terreur : des crimes de guerre, une conscription militaire oblige les jeunes à partir de 11 ans pour les garçons et de 13 ans pour les filles de se cacher ou tenter de fuir. Les check points sont partout et parfois aléatoires ; les soldats hostiles. Les bunkers omni présents sont en durs ou en sacs de ciment. Souvent, on voit des files d’attente de 5h qui attendent le contrôle des militaires. Des couvre-feux partout, des regards bas. 3 heures d’électricité aléatoire par jour, alors que le pays a les capacités énergétiques.
Les esprits et les cœurs sont atteints : « ils ne font pas que tuer des personnes, ils tuent les cerveaux et la capacité à réfléchir » comme le disait Monseigneur Noel, évêque auxiliaire de Rangoon.
En arrivant, nos amis de Birmanie nous demandent : « Venez-vous pour nous dire que vous arrêtez votre soutien à cause de l’arrêt des fonds américains de l’Usaid annoncés par le Président Trump ? » Et non ! Nous ne dépendons pas d’eux. Tant pis, tant mieux.
Sur le fond, la remise en question de ces fonds pose 2 questions : celle de la dépendance forte d’organismes non gouvernementaux a des subventions publiques. Sur la forme, la brutalité de la décision va générer des morts. De faim.
Mais là n’est pas la clef de notre venue : nous avons visité, promis de tenir notre soutien, car nous préparons avec eux la génération qui va reconstruire leur pays.
Dans l’ombre et le chaos, des héros du quotidien se battent pour ne pas laisser une génération sacrifiée : l’Eglise, plus grande association caritative mondiale et de tous les temps. Courage, abnégation, résilience suprême.
Comment protéger des jeunes des rafles de la conscription en accueillant des jeunes dans des foyers tenus par des sœurs apostoliques édifiantes. Comment ne pas devenir enfants soldats et se protéger de la guerre : des écoles dites informelles pour plus de 30 000 jeunes : dans la jungle, dans des camps de déplacés internes. L’école, pas les armes. Comment casser l’oisiveté des jeunes et leur manque d’avenir ? Par des camps d’été, parfois cachés. Par des formations complémentaires en anglais, informatique, leaderhsip qu’on appelle des community college.
Je vous le dis ce matin : là-bas, c’est l’horreur. Mais ce que fait l’Eglise, c’est miraculeux. L’espérance de l’action se forge forcément dans la foi. Prier. Tenir fidèlement. Voir loin. L’obscurité finit toujours par laisser passer la lumière. Rien ne résiste à la Croix.
Association de loi 1901, reconnue de bienfaisance et habilitée à recevoir dons et legs, Enfants du Mékong n’a cessé d’évoluer depuis 1958 pour s’adapter aux demandes du terrain. Voulue comme un lien d’amitié avec les peuples d’Asie du Sud-Est, elle est restée fidèle à sa vocation première : aimer et secourir les enfants pauvres et souffrants en leur offrant un avenir grâce à l’instruction.
Retrouvez la chronique Loin des yeux, près du cœur tous les lundis à 6h44 dans la Matinale.
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