Après la naissance de mouvements de contestation en Chine et en Iran, l’Occident a les yeux rivés sur l’effritement des pouvoirs autoritaires à la tête de ces pays. Mais à vouloir trop les analyser, on oublie que notre regard sur ces révoltes est bien souvent biaisé.
Faire un lien entre les révoltes iraniennes et chinoises et les contestations françaises n’est pas digne, d’après Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie : "On parle de régimes autoritaires avec un record d’exécutions capitales. En Iran, on estime à 300 le nombre de morts lors des manifestations, dont une quarantaine de mineurs. Les révoltes sont réprimées dans le sang. Il ne faut pas confondre leurs aspirations à la liberté avec nos aspirations au libéralisme". En Iran, c’est la jeunesse qui manifeste massivement contre le régime depuis la mort de Masha Amini en septembre dernier, battue à mort par des policiers parce que des cheveux dépassaient de son voile. En Chine, des mouvements populaires ont éclaté fin novembre pour demander la fin de la politique "zéro Covid".
Ces mouvements sociaux nous rappellent que les mythes fondateurs de régimes autoritaires peuvent s'effondrer, soutiennent Aymeric Christensen et Philippine de Saint-Pierre : "Contrairement à ce que certains disent, les aspirations à la liberté sont universelles. Le dogme imposé par les Mollahs en Iran et par le Parti Communiste Chinois sont faillibles. Les manifestants sont courageux car ils risquent leur vie". Aymeric Christensen nuance : "Certes les idéologies de certains pays autoritaires s’effondrent, et avec eux le pacte tissé avec le peuple. Cependant, notre regard occidental est biaisé : nous avons tendance à mettre derrière ces révoltes l’aspiration à des grands principes de liberté, mais attention à ne pas trop romancer".
Les mobilisations populaires à l’étranger sont toujours l’occasion d’avoir un regard réflexif sur notre propre situation, souligne Aymeric Christensen : "Ces révoltes doivent nous pousser à nous interroger sur notre responsabilité à conserver nos propres libertés". Cependant, Philippine de Saint-Pierre nous met en garde : "La France n’a pas la responsabilité d’être porteuse de liberté vis-à-vis du reste du monde. Notre mission consiste à faire connaître la situation dans ces pays. Il ne s’agit pas de se placer en position de supériorité mais de relayer le message de ceux qui veulent voir leurs revendications portées à l’extérieur. Nous avons aussi à apprendre d’eux".
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