Ministre, député, maire, pendant 44 ans sans interruption, Jean-Jack Queyranne a cumulé presque tous les mandats possibles au sein de la République française. L'élu socialiste a accompagné les évolutions de la société en étant aux responsabilités. Il se raconte au micro de Version originale.
Si Jean-Jack Queyranne reste dans la mémoire collective lyonnaise comme le président de la région Rhône-Alpes, un poste occupé pendant plus de dix ans (mars 2004- décembre 2015), il s'agit en réalité de la fin de sa carrière politique. Tour à tour député, maire de Bron, ministre dans le gouvernement Jospin pendant la cohabitation, Jean-Jack Queyranne n'a jamais cessé d'être élu entre 1977 et 2021.
Son parcours politique débute dans sa ville natale, à Villeurbanne, quand il devient premier adjoint de l'un de ses mentors, Charles Hernu. Né le 2 novembre 1945, Jean-Jack Queyranne grandit dans le quartier du Tonkin et se définit comme « un enfant de l'Asvel et du TNP », où les spectacles du théâtre de la Cité dirigé alors par Roger Planchon participeront à son éveil à la culture.
La culture sera d'ailleurs le domaine par lequel il se fera repérer par Lionel Jospin, alors premier secrétaire du Parti Socialiste, qui le nomme secrétaire national à la Culture du parti à la rose en 1983. « Lionel Jospin représentait pour moi l’idéal politique avec une éthique, une intelligence d’analyse » admire Jean-Jack Queyranne. Deux ans auparavant, le Villeurbannais profitait de l'élection de François Mitterrand à l'Elysée pour entrer à l'Assemblée nationale, où il siégera pendant 22 ans au total.
Ministre sous la cohabitation
Devenu maire de Bron en 1989, Jean-Jack Queyranne est appelé par Lionel Jospin pour intégrer le gouvernement de cohabitation sous Jacques Chirac (1997-2002). Il sera successivement secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, ministre de l’Intérieur pendant quatre mois - le temps de la convalescence de Jean-Pierre Chevènement - puis ministre des Relations avec le Parlement. Jean-Jack Queyranne sera l'un des signataires des accords de Nouméa sur le statut de la Nouvelle-Calédonie, « la rencontre de deux civilisations sur l'amour d'un même territoire. La France est forte lorsqu'elle est capable de réunir des communautés qui étaient antagonistes » se souvient l'ancien ministre. Ces accords seront l'un des moments les plus forts de sa carrière politique.
Après l'échec du 21 avril 2002 et l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle - « un choc, une gifle qu'on n'avait pas vu venir » - Jean-Jack Queyranne revient en terre lyonnaise et devient en mars 2004 le premier président de gauche de la Région Rhône-Alpes. Il succède à la centriste Anne-Marie Comparini, arrivée aux commandes dans la foulée du traumatisme qu'avait représenté l'élection de Charles Millon (UDF) en 1998 grâce au vote du Front national. Après plus de dix ans à la présidence régionale, Jean-Jack Queyranne sera battu au moment de la fusion avec l'Auvergne en décembre 2015 par l'équipe de Laurent Wauquiez, l'actuel président Les Républicains.
Jean-Jack Queyranne terminera donc sa vie politique avec un mandat exercé dans l'opposition, jusqu'en mars 2021. Pendant plus de quatre décennies comme élu, le socialiste espère avoir contribué « modestement » à améliorer la vie de ses administrés.
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