Jubilé de l'espérance : les médias catholiques redéfinissent leur rôle dans un monde fragmenté

Monseigneur Bruno Valentin était à Rome pour accompagner les journalistes chrétiens dans leur Jubilé de l’espérance.

Servir la vérité pour dépasser les clivages

Depuis la fin du XXe siècle, les journalistes chrétiens ont rendu compte des scandales d’abus sexuels commis au sein de l’Église catholique par des prêtres, religieux ou laïcs, dans le but de faire éclater la vérité. Cette quête de vérité est une exigence essentielle envers les journalistes, souligne Monseigneur Bruno Valentin. "Est-ce qu'ils ont servi la communion ? Je pense qu’on ne peut pas répondre de façon catégorique. Mais, pour l’essentiel, oui, ils ont servi la vérité."

Ils constatent combien nous assistons à une brutalisation des rapports sociaux dans le monde, mais aussi que l’Église ne vit pas hors de ce monde.

Le président du Conseil pour la communication des évêques de France insiste également sur la responsabilité des journalistes chrétiens à poser un regard lucide sur l’état du monde. "Ils constatent combien nous assistons à une brutalisation des rapports sociaux dans le monde, mais aussi que l’Église ne vit pas hors de ce monde." Selon Monseigneur Bruno Valentin, cette brutalisation des relations sociales résulte notamment de la culture des réseaux sociaux et de leurs algorithmes, qui tendent à enfermer les individus dans des univers mentaux homogènes, rendant les relations plus conflictuelles.
"Nous dialoguons davantage avec ceux qui partagent nos opinions et considérons de plus en plus l’altérité comme une menace." Pour l’évêque de Carcassonne, les médias catholiques ont donc une responsabilité cruciale : celle d’aider les personnes aux sensibilités différentes à coexister et à reconnaître ensemble la vérité.

L’Église s’est effacée de l’espace médiatique national

Monseigneur Bruno Valentin souligne la nécessité de distinguer les médias locaux de la presse nationale. Selon lui, la presse régionale joue un rôle central pour les petits et moyens diocèses. "Localement, les relations sont ordinaires, fluides et régulières. L’Église est reconnue comme un acteur de la vie locale, et les médias, qu’ils soient écrits ou radiophoniques, relaient assez souvent les actualités de l’Église." En revanche, au niveau national, l’évêque constate un effacement progressif de l’Église depuis plusieurs décennies. Cette évolution est étroitement liée à la déchristianisation de la société. "L’Église n’a plus aujourd’hui le même rôle social qu’il y a trente ans."

L’objectif est de montrer qu’en dépit des difficultés, de nombreux signes de vitalité caractérisent encore l’Église de France.

L’enjeu, selon Monseigneur Bruno Valentin, est désormais de mettre en lumière toutes les facettes de l’Église, tant ses ombres que ses lumières. "L’objectif est de montrer qu’en dépit des difficultés, de nombreux signes de vitalité caractérisent encore l’Église de France." Dans cette mission, les médias chrétiens jouent un rôle clé. En France, leur nombre foisonne, et ils participent activement à la mise en œuvre du discours du pape François sur la synodalité. "La synodalité repose sur la reconnaissance d’une légitime autonomie et d’une capacité d’initiative des réalités laïques, comme les médias catholiques en France."

Accompagner le message du Christ auprès de la jeunesse

Les enjeux de communion et le rapport au réel résonnent particulièrement auprès des jeunes générations, influencées par la culture des réseaux sociaux et le nouveau paysage médiatique.
"Je pense que la première mission des médias catholiques est de faire une place à la jeunesse." Selon Monseigneur Bruno Valentin, il est essentiel que l’Église et les médias catholiques progressent dans l’accueil bienveillant de la jeunesse et accompagnent également les influenceurs et créateurs de contenus catholiques. "Il faut appréhender les nouvelles intelligences et opportunités tout en anticipant les risques éventuels."