C'est un événement important pour les catholiques qui va se tenir dès le 24 décembre 2024. Pendant un an, 20 à 30 millions de pèlerins vont affluer à Rome pour le jubilé 2025. Ce grand rendez-vous international a lieu tous les vingt-cinq ans. Qu'est-ce qu'un jubilé dans la religion catholique ? Quelle est l'origine et la signification du jubilé ?
Le 24 décembre au soir à 19 heures, le pape François lancera officiellement l’année jubilaire en célébrant une messe, à l’issue de laquelle il ouvrira la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Des années jubilaires, le Vatican en célèbre tous les vingt-cinq ans. D’où vient cette tradition ? Quelle est le sens de cette proposition que fait l’Église aux catholiques ?
Les jubilés sont des rendez-vous réguliers que donne l’Église catholique aux fidèles. Durant une année - dite Année sainte - de multiples démarches spirituelles sont organisées et proposées aux fidèles : pèlerinages à Rome, passages de Portes saintes, enseignements… Autant de propositions qui encouragent à prendre soin de sa vie intérieure et redécouvrir son lien au Christ.
Ces années jubilaires, dont l’origine se trouve dans la Bible hébraïque, existent depuis les premiers temps du christianisme. Fixés tous les cent ans, puis tous les 50 ans, ils ont lieu désormais (depuis 1475) tous les 25 ans. Les souverains pontifes peuvent aussi décréter des Années saintes extraordinaires.
Avec le jubilé 2025, l’Église catholique commémore les soixante ans du concile. Le jubilé 2015 de la miséricorde avait été décidé par le pape François pour marquer les 50 ans du concile Vatican II. En 1983, Jean-Paul II avait lancé le jubilé de la rédemption à l’occasion des 1950 ans de la naissance de Jésus. Une décision qui faisait écho à celle de Pie XI, et de l’Année sainte 1933, pour célébrer le 1900e anniversaire de la naissance de Jésus.
Le mot "jubilé" vient de l’hébreu "yobel", qui signifie "bélier". En référence au bélier qui a été sacrifié par Abraham à la place de son fils Isaac. "Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils." (Gn 22, 13)
Dans la tradition juive, souffler dans la corne de bélier (un instrument à vent que l’on nomme chofar) est un rite important qui inaugure une période spécifique. Par exemple, entendre la sonnerie du chofar est aujourd’hui l’un des principaux rites de Roch Hachana. La fête qui lance les "dix jours terribles de téchouva", c’est-à-dire de repentance, avant Yom Kippour.
Vous ferez de la cinquantième année une année sainte, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. Ce sera pour vous le jubilé : chacun de vous réintégrera sa propriété, chacun de vous retournera dans son clan.
Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire : vous ne ferez pas les semailles, vous ne moissonnerez pas le grain qui aura poussé tout seul, vous ne vendangerez pas la vigne non taillée.
Le jubilé sera pour vous chose sainte, vous mangerez ce qui pousse dans les champs.
En cette année jubilaire, chacun de vous réintégrera sa propriété.
Livre du Lévitique 25, 10-13
(Source : AELF)
Dans la Bible hébraïque, entendre "la trompe" ou "le cor" est prescrit au chapitre 25 du Livre du Lévitique. Ce dernier instaure un jubilé tous les cinquante ans : durant cette période, le travail de la terre doit être suspendu et les esclaves libérés. Pour le Père Olivier Artus, ancien membre de la Commission biblique pontificale, ce jubilé fait partie des nombreux "mécanismes de restauration de la justice sociale" que l’on trouve dans la Bible - de même que la "shmita", ou remise des dettes, qui se fait tous les sept ans. "La thématique demeure la même, dit le bibliste, il faut sans cesse répéter, mettre en garde l’humanité contre son désir d’appropriation."
Dans la tradition chrétienne, le jubilé a pris une dimension essentiellement spirituelle. Toutefois, le pape François a établi un lien entre ce rendez-vous, son thème (l’espérance), et la période de l’après-pandémie de Covid-19. C’est ce qui ressort de sa lettre au président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, instance vaticane en charge de l’organisation du jubilé.
Le pape évoque la réalité concrète des vies éprouvées par le confinement et les deuils. "Au cours des deux dernières années, cependant, il n’y a pas eu un seul pays qui n’ait été bouleversé par l’épidémie soudaine qui, en plus d’avoir touché du doigt le drame de la mort dans la solitude, l’incertitude et le caractère provisoire de l’existence, a modifié notre mode de vie... Nos églises sont restées fermées, tout comme les écoles, les usines, les bureaux, les magasins et les lieux dédiés aux loisirs."
Conscient de ces souffrances, le pape François rappelle que retrouver la confiance et l’espérance ne pourra se faire que si l’on renoue avec "le sens de la fraternité universelle". Que "si nous ne fermons pas les yeux sur le drame de la pauvreté croissante" et des "réfugiés contraints d’abandonner leurs terres".
Le pape François dans cette ne manque pas de faire référence au chapitre 25 du Lévitique (cité plus haut) : "Le sabbat même de la terre vous nourrira, toi, ton serviteur, ta servante, ton journalier, ton hôte, bref ceux qui résident chez toi. À ton bétail aussi et aux bêtes de ton pays tous ses produits serviront de nourriture." (Lv 25, 6-7).
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