Des premières communautés judéo-chrétiennes jusqu'au premiers pogroms médiévaux, le père François Lestang, professeur à l'Ucly, nous raconte l'histoire tumultueuse des chrétiens et des juifs au micro de Noémie Marijon.
Quand il s'agit de savoir quand est survenue la séparation entre "les juifs qui croient en Jésus et les juifs qui attendent le messie", les réponses sont divergentes. Il y a cinquante ans, les historiens rattachaient cette séparation à la destruction du temple de Jérusalem.
Pourtant aujourd'hui, le père Lestang précise que "les recherches sur la séparation des chemins entre les deux communautés nous montrent que c'est beaucoup plus compliqué que ça et que selon la position géographique ça a pris beaucoup plus de temps. À tel point que jusqu'au IVème siècle, on puisse trouver des fréquentations régulières d'une communauté avec l'autre".
Les hostilités intercommunautaires se poursuivent tout au long de l'antiquité et jusqu'au moyen-âge avec par exemple les cinq lettres publiées par d'Agobard de Lyon au IXème siècle contre les juifs lyonnais.
Pour le père François Lestang, il est important de lire l'histoire sous le prisme de deux termes différents : l'antijudaïsme et l'antisémitisme. "L'antijudaïsme c'est une critique qui est faite à une manière de croire en Dieu [...] et puis il y a, à partir du XIXème siècle, tout une théorie d'un racisme [...] on voit bien la dimension absurde qui déterminerait l'Homme uniquement par ses gênes et pas par sa liberté."
Malheureusement l'antijudaïsme est très fréquent tout au long de l'histoire de l'Église chrétienne, constate le père Lestang, tout comme l'antisémitisme, que combattent, aujourd'hui, avec ferveur, papes et églises.
Que ce soit les ghettos romains ou les persécutions en Allemagne, la communauté juive a subi de nombreuses humiliations au cours de l'histoire. Depuis Vatican II la relation entre juifs et chrétiens a pris un nouvel élan. Le pape Jean XXIII et les évêques "souhaitaient vraiment un texte qui manifeste l'engagement, après la Shoah, après la destruction des juifs d'Europe centrale, les 6 millions de morts, de marquer à quel point l'Église se repentait, à quel point l'Église souhaitait vivre cette fraternité et l'enseignement de l'estime" explique le père François Lestang.
L'allocution du pape Jean-Paul II, à la synagogue de Rome, le 13 avril 1986 marque également un tournant dans les relations judéo-chrétiennes. Il y dit cette phrase déterminante : "Vous êtes nos frères préférés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés."
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