A la fois président de la République populaire de Chine et secrétaire du parti communiste, Xi Jinping va être reconduit dans ses fonctions lors du 19ème Congrès du Parti Communiste chinois qui s’est ouvert jeudi. Spécialiste de l’Asie, le journaliste du Monde François Bougon signe Dans la tête de Xi Jinping (Ed. Actes Sud/Solin), un essai dans lequel il dresse un "portrait intellectuel et politique, pas du tout psychologique" du gouvernant chinois.
A travers la productions écrite abondante de Xi Jinping, François Bougon est parvenu à déceler un storytelling à deux temps : "ce fils d’un des premiers révolutionnaires cherche à concilier son histoire familiale avec la grande histoire chinoise." L’histoire est donc un véritable enjeu pour le président communiste qui, selon le journaliste, "s’inscrit dans une bataille culturelle et idéologique très forte. Il essaie de contrôler le passé pour maîtriser l’avenir."
Il s'agit du "retour d'un concept tombé en désuétude qu'est le nihilisme historique", analyse François Bougon. Pour les Chinois, c'est de remettre en cause une version officielle d'une Chine grandiose, communiste et révolutionnaire." Une posture que plusieurs experts ont perçue comme une gourvernance toute puissante, voire "impériale", à la manière de Mao Zedong.
François Bougon n'est "pas du tout d'accord avec l'analogie. Je ne pense pas que Xi Jinping ait autant de pouvoir que Mao d'autant plus que nous ne sommes plus dans la même Chine." Pour lui, "On n'est plus dans la conception d'une révolution permanente." Au contraire, "il reste dans un cadre très institutionnel, dans un maoisme des années 1950."
Une stabilité qui n'empêche pas les sanctions radicales, notamment envers la caste intellectuelle chinoise. Le cas de la mort du Prix Nobel de la Paix 2010, le dissident Liu Xiaobo cet été est parlant selon l'ancien correspondant de l'AFP à Pékin: "Xi Jinping est intraitable. Le champ culturel est un champ de bataille à contrôler. Pour lui, il est hors de question de laisser les intellectuels prospérer."
Le "rêve chinois", slogan hérité des penseurs réformistes de la fin du XIXe siècle, est réutilisé par Xi Jinping depuis 2013. L'idée est de retrouver la Chine respectée perdue avec une armée forte, en ajoutant une possibilité d’affermir de nouveau sa voix sur la scène internationale. Une ambition saluée par la plupart des autres puissances mondiales après des années de prégnance américaine.
François Bougon parle d'évolution du discours de "modèle chinois, on est passé à une solution chinoise". En clair, la Chine souhaite proposer "des solutions à un certain nombre de problèmes qui se posent dans le monde", estime le journaliste. A cela s'ajoute une "mise en avant du pays en tant que contre-modèle occidental. Xi Jinping parle beaucoup de civilisation chinoise".
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