La France se déconfine ce mercredi, mais les salles de théâtre et de cinéma resteront fermées jusqu’au 7 janvier au moins. Une décision incompréhensible pour le monde de la culture qui prévoit plusieurs manifestations en France. Le comédien et sociétaire de la Comédie française Philippe Torreton s’indigne lui aussi de ces mesures restrictives.
D’entrée de jeu, Philippe Torreton confie que le lien avec son public lui "manque terriblement". Mais aussitôt l’indignation l’emporte : "Dans une période de souffrance qu’on traverse, je ne pense pas qu’on puisse se payer le luxe de se passer des spectacles vivants. La culture est un outil du décloisonnement, de notre envie de connaître l’autre", lâche-t-il.
Depuis le premier confinement qui a mis un coup d’arrêt aux représentations, le gouvernement a débloqué des aides pour le secteur de la culture. Les comédiens, par exemple, ont droit à une "année blanche" qui leur donne droit à l’intermittence du spectacle, une allocation, sans réaliser les 507 heures de travail habituellement nécéssaires. Une décision très bien accueillie par Philippe Torreton, qui a dû s’inscrire à Pôle emploi au premier confinement. "L’outil de l’intermittence c'est un outil génial. Il permet cette vivacité culturelle en France. C’est grâce à ça que nous avons une telle vitalité sur le territoire", affirme-t-il.
Le comédien s’estime toutefois chanceux, car son activité a rapidement repris entre les deux confinements, ce qui lui a permis de ne pas avoir besoin de cette allocation. Mais alors que le confinement se termine ce mercredi 15 décembre en France, Philippe Torreton s’interroge. "C’est un confinement qui ne voulait pas dire son nom. Je me suis demandé 'qu'est ce qu’on espère retenir avec quelque chose qui se fasse à moitié ?' C’est dommageable dans un pays comme la France qui a mis la culture tellement en avant. Ce confinement a peut-etre éviter des pics à l’hôpital mais finalement les chiffres ne sont finalement pas très bons", s'inquiète le comédien.
Les salles de cinéma elles aussi resteront fermées. "C’est inquiétant pour le cinéma en salle car on aura toujours besoin de s’y réunir", assure le comédien, tout de même satisfait que des films puissent être disponible sur le petit écran. "Le cinéma chez soi reste un peu du cinéma. Le théâtre à la télé pour moi ce n’est plus du théâtre", affirme-t-il.
Dans cette période de creux, sans activité, les artistes ont parfois reçu l’injonction de se réinventer, d’aller jouer dans les écoles par exemple. "Le gouvernement a tendance à se laver un peu vite les mains en nous demandant de nous réinventer. Il ne suffit pas de le dire, si on veut que les artistes aillent dans les écoles, il faut aider. C’est au gouvernement de prendre ça en charge", conclut-il.
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