Donald Trump a promis d'être un artisan de paix, un rassembleur. Dans son discours d’investiture, le milliardaire a annoncé vouloir rencontrer Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, une guerre qui dure 3 ans. Face au nouveau président américain, la France et ses partenaires européens font pâle figure. L’Europe avait tenté sans succès de négocier avec Vladimir Poutine, bien avant que le président Trump soit réélu, mais force est de constater que le vieux continent n’impressionne plus. Avec le retour de la guerre sur le continent, c’est la question de la défense qui est particulièrement pointée du doigt. État des lieux avec Jean-Louis Thiériot, ancien ministre délégué aux armées et membre de la commission de la défense à l’Assemblée Nationale.
Le 24 février 2022 est un jour qui a fait date. Les troupes russes massées à la frontière ukrainienne envahissent leur voisin. Le point de départ d’une guerre qui dure depuis bientôt 3 ans. Immédiatement, les experts s’interrogent sur la défense française. L’hexagone serait-il capable de tenir aussi longtemps que l’Ukraine face à une invasion ? On estime alors la France capable de tenir 3 jours dans un conflit à haute intensité. Ce constat amer est le point de départ d’un travail de fond au sujet de la défense de la France. Jean-Louis Thiériot, ancien ministre délégué aux armées et membre de la commission de la défense à l’Assemblée Nationale, en dépeint les grandes lignes.
Pour Jean-Louis Thiériot, la défense européenne est aujourd’hui largement dépassée. Sans l’OTAN et le soutien des États-Unis, les principaux bailleurs de l’organisation atlantiste, la défense européenne aurait du mal à peser. L’ancien ministre dénonce l’immobilisme de certains pays européens. “Aujourd'hui, les européens sont restés sur l'héritage d'un temps où ils croyaient que la paix était acquise et où ils étaient sortis du tragique de l'histoire. L'Europe, collectivement n'a pas encore fait les efforts nécessaires pour sa défense.” Paradoxalement, la défense européenne est donc en grande partie assurée par les États-Unis. “Certains pays, qui n'ont pas la dissuasion nucléaire et qui ont l'habitude du parapluie nucléaire américain, peuvent être tentés d'acheter leur sécurité en se tournant encore plus vers les productions américaines.” L’avenir de la défense européenne sera, pour beaucoup, mis à mal par les politiques de Donald Trump. Le 47ème président des États-Unis avait exprimé sa défiance envers les européens au cours de son premier mandat ; “les Européens sont des ennemis pires que la Chine, et je m'occuperai d'eux après”.
Aujourd'hui, les européens sont restés sur l'héritage d'un temps où ils croyaient que la paix était acquise et où ils étaient sortis du tragique de l'histoire. L'Europe, collectivement n'a pas encore fait les efforts nécessaires pour sa défense.
À cette défense américano-centrée s'ajoutent les désaccords entre les pays européens. Les points de vue entre membres fondateurs de l’entente européenne au sujet de la défense divergent. “Les relations franco-allemandes ne sont pas excellentes, on ne va pas se mentir, en tout cas sur tout le secteur de la défense". En cause par exemple, l’abandon par l’Allemagne de la collaboration aéronautique pour les patrouilles maritimes. “Tous ces sujets-là font qu'aujourd'hui, la coopération de défense avec l'Allemagne est compliquée.”
Jean-Louis Thiériot se félicite : l’industrie française de l’armement se porte bien. “200.000 emplois, 4.000 entreprises avec des grands secteurs de force. Je pense en particulier à l'aérien avec le Rafale.” Des projets d’armement sont aussi menés à long terme par l’armée française. La construction d’un nouveau porte-avion, projet à 10 milliards d’euros, est sur le rail. Le remplaçant du Charles de Gaulle “a vocation à être lancé en 2038 et naviguera jusqu'en 2070”.
L'armement en France, c'est 200.000 emplois, 4.000 entreprises avec des grands secteurs de force. Je pense en particulier à l'aérien avec le Rafale.
Les stocks sont toutefois limités. À la proposition d’un retour du service militaire, l’ancien ministre répond, au delà du coût, “non, et de toute façon, on n'aurait pas d'armement à leur donner”. Pour s’assurer d'un respect des délais de commande dans l'industrie française de l'armement, le député appelle à la stabilité institutionnelle. La balle est dans le camp des politiques.
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