Avant la crise du Covid-19, il y avait déjà celle de l’hôpital et celle des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les Ehpad. Or, voilà que, dans la lutte contre le virus, les personnes âgées sont lésées. Sans syndicat, elles n’ont que des soignants pour les défendre, et déplorer ce qu’on ne dit qu’à mi-voix.
D’abord, nos concitoyens âgés sont pour ainsi dire exclus du recensement des morts par coronavirus. Est-ce à dire que leurs vies ne comptent pas ? Ou ne comptent plus ? Personne n’ose l’affirmer ouvertement. Ensuite, les personnes âgées sont aussi exclues des tests de dépistage, certes insuffisants. Trois tests alloués par Ehpad, m’a dit un responsable. Et surtout pas d’accès à l’hospitalisation, ni, souvent, à l’oxygène… Un élu du Puy-de-Dôme a lancé un coup de gueule en découvrant que des Ehpad du Pays de Saint-Éloy étaient livrés en housses mortuaires avant de l'être en masques de protection !
Dans Le Quotidien du Médecin, deux praticiens dénoncent comme une "discrimination sociale", l’idée selon laquelle les vies des personnes âgées devraient être négligées au profit des patients plus jeunes. Cet âgisme, la psychologue Marie de Hennezel le conteste aussi. Et sur le site Alliance de la communauté juive, je lis : "Rien ne peut justifier de considérer la vie des personnes âgées comme ne méritant pas d’être sauvée." Le site réagit aux propos d’un élu du Texas, qui soutient une reprise rapide de l’activité du pays, même coûteuse en vies de grands-parents, pour épargner la crise économique à leurs petits-enfants.
Une chose est de laisser volontairement sa place – comme le fit Maximilien Kolbe – une autre est d’être obligé de la laisser, en raison de son âge. Je précise d’ailleurs que la belle histoire d’un prêtre italien âgé qui aurait laissé son respirateur à un plus jeune a été démentie par son diocèse… Plus gravement, ayant été averti par des soignants, je dois lancer une alerte : en ce temps de pénurie de moyens matériels et humains, où les traitements curatifs sont refusés à des personnes âgées, certaines sédations profondes sont précipitées, mises en œuvre par des soignants épuisés, peu expérimentés et mal formés à cette technique. Bref, on glisse vers une euthanasie qui ne dit pas son nom.
Pour finir sur une note réconfortante, je salue l’engagement des dix-neuf soignants d’un EHPAD de Charente qui se sont volontairement reclus avec leurs résidents, pour éviter de les contaminer de l’extérieur. Témoignage édifiant de la valeur de la vie, à tout âge !
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