Raphael Pitti était au micro de Thierry Georges pour nous parler de son dernier voyage en Ukraine avec l'UOSSM (Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux). Le médecin de guerre et conseiller municipal à la mairie de Metz nous rappelle son engagement envers les populations victimes de la guerre avec la formation de soignants, médecins et aides médicaux dans les pays concernés. Il fait également le point sur la situation actuelle en Ukraine.
RCF: Raphaël Pitti, médecin humanitaire, conseiller municipal à la ville de Metz, spécialiste de médecine de guerre, vous êtes également responsable de la formation au sein de l'ONG UOSSM (Union des Organisations des Secours et Soins Médicaux). Il y a maintenant un nouveau pays qui rentre dans votre champ d'action, c'est l'Ukraine. Ce qui vous a amené à former du personnel médical, des médecins et autres, des personnes qui n'étaient pas dans leur vie d'avant en Syrie, c'est la pénurie de médecin... Est-ce le même cas de figure en Ukraine?
Raphaël Pitti: Je me suis rendu compte dès lors que les Russes intervenaient en Ukraine, qu'il paraissait évident qu'ils appliqueraient la même stratégie que celle qu'ils avaient appliquée en Syrie, et donc ce sont les hôpitaux civiles qui allaient être directement impactés par cette situation. Nous avons immédiatement proposé d'ouvrir un centre de formation. Nous nous sommes associés avec la Chaîne de l'Espoir, une autre ONG assez importante sur le plan international. Nous avons trouvé un coordonnateur, c'est-à-dire un médecin qui est professeur d'immunologie et d'épidémiologie qui parle très bien le français et qui a accepté d'être notre coordonnateur sur place. Je suis rentré en contact avec lui et il s'est déplacé de Kiev pour aller à Liyv et il nous a pris un certains nombres de rendez-vous dont nous avions besoin. Il fallait voir avec les autorités locales, la municipalité de Liyv pour pouvoir ouvrir ce centre. Il fallait pouvoir rencontrer l'administration de l'hôpital et il fallait aussi rencontrer le responsable du Consulat de France aussi en charge des projets humanitaires. Il fallait aussi qu'il nous trouve des volontaires, des médecins volontaires ayant un certains nombres de compétences que j'avais fixées, qui seraient les premières formateurs.
RCF: Dernière question, n'oubliant pas le militaire que vous êtes, quel scénario voyez-vous s'écrire pour la suite de cette guerre, de cette invasion en Ukraine?
R.P: Les Russes avaient certainement comme stratégie première de justement encercler Kiev et puis de la faire céder ensuite, de négocier dans cette position de force, d'obtenir évidemment le Donbass et la neutralité de l'Ukraine, c'est-à-dire la neutralité vis-à-vis de l'OTAN en particulier et avec en même temps la déclaration de l'indépendance des deux États pro-russes. Comme les choses ne se font pas passé comme auraient voulu les Russes, ils ont changé complétement de stratégie: ils se concentrent maintenant dans l'Est. La ville de Marioupol devient une ville très importante parce qu'elle assure la continuité terrestre entre le Donbass et la Crimée. Donc les Russes sont en train de faire une véritable forteresse du Donbass. Là maintenant, le but essentiel est les 30.000 soldats Ukrainiens qui défendent le Donbass. Ils vont tenter de les encercler pour justement essayer de mettre en évidence, de faire fléchir la résistance Ukrainienne dans le Donbass et puis ils vont minutieusement détruire tous les centres logistiques capables d'apporter des renforts vers le Donbass. Ils auront encerclé et c'est dans cette position là qu'ils vont négocier. Ils vont certainement utiliser l'arme chimique à Marioupol pour aller beaucoup plus vite. Tous les cadavres chimiques qui auront été tués seront mis dans des fosses communes avec de la chaux soudée de manière à les détruire. C'est la seule façon pour eux comme ils l'ont fait en Syrie. Comme les soldats Ukrainiens dans la zone du Donbass se sont cachés, c'est difficile de les faire sortir, à moins d'utiliser l'arme chimique, en exterminant en même temps la population qui va aussi en payer le prix.
Gros plan chaque jour sur un sujet chaud de l'actualité locale avec la réaction en 3 questions d'un invité.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !