Pour Mgr Feillet, la sainteté que l'Eglise fête à la Toussaint, n'est pas synonyme de pureté mais d'une "espérance en Dieu qui ne se dément pas". Être saint est un chemin de joie qui est proposé à tous, avec la grâce de Dieu.
« L’important est de ne pas baisser les bras », souligne l’évêque de Séez dans l’Orne. La Toussaint est l’occasion de prier les saints qui sont connus de l’Eglise par les miracles qu’ils ont réalisé après leur mort, des signes qui fortifient la foi des hommes sur terre. Mais le 1er novembre permet aussi de prendre conscience de la foule des anonymes qui sont saints, auprès de Dieu, afin qu’ils intercèdent par leur prière. « Il convient de noter que si le nom d’une multitude de saints sont reconnus par l’Eglise comme étant au Paradis, elle ne désigne aucun nom de personnes en Enfer », remarque Mgr Feillet.
« Les saints nous encouragent »
Pour l’évêque normand, les saints d’hier et d’aujourd’hui ont cette fonction aussi de nous inciter à emprunter le chemin qu’ils ont choisi eux-mêmes. « Ils nous disent que c’est possible. » Il est bon, pour lui, d’en faire des compagnons de route. Lui, est très attaché à la figure de son saint patron, Bruno, ce moine italien du XIIème siècle qui refusa l’honneur de l’épiscopat pour se consacrer à la Chartreuse qu’il avait fondé. « Bruno, tout en restant dans l’Eglise, a su discerner entre la volonté de Dieu et celle de l’Eglise. » Une autre figure spirituelle inspire Mgr Bruno Feillet : Ignace de Loyola. « Ce qui me touche et m’aide dans la vie de Saint Ignace est qu’il a beaucoup progressé dans sa découverte de Dieu » explique-t-il, le fondateur de la Compagnie de Jésus, les Jésuites, se transformant peu à peu, « d’homme d’excès à un homme mesuré ».
Si le 1er novembre, L'Eglise prie les saints, le 2 novembre, elle prie pour les défunts. Depuis deux décennies, un certain nombre d'associations soutenues par des hommes et femmes politiques, souhaitent permettre l'euthanasie ou le suicide assisté. Michel Barnier, premier ministre Les Républicains, entend reprendre le projet de loi en ce sens qui avait été arrêté dans son parcours législatif du fait de la dissolution. Pour l’évêque de Séez, ancien président de la commission famille et société de la Conférence des évêques de France, cette aspiration à maîtriser la mort reflète surtout la grande solitude de la société contemporaine. « Je me souviens du témoignage qui m’avait été rapporté d’une mère, âgée, qui avait confié à sa fille son souhait d’aller en Suisse pour se faire suicider », partage Mgr Feillet. La fille avait répondu à sa mère Pourquoi pas ? » Et d’ajouter : « Elle est rentrée désespérée de cette réponse car même sa fille n’avait pas su résister. »
L’accompagnement est le meilleur antidote à la demande d’euthanasie
Pour lui, tout l’enjeu de la fin de vie est contenu dans cette question : « Comptons-nous pour nos proches ? » La fréquentation des ainés est selon lui la meilleure façon d’évacuer la peur de la vieillesse et de la mort. « Une société qui cherche à faciliter la mort de ses ainés et à supprimer l’arrivée des enfants à naître met la mort aux deux bouts », constate-t-il avec regret. Avec moins de 680 000 naissances en 2023, le taux de natalité est au plus bas depuis 1945. « C’est une société qui se suicide à petit feu. »
En profonde contradiction avec les aspirations apparentes de la société, le discours de l'Eglise est de moins en moins audible. L'évêque de Séez préconise de poursuivre l'engagement sociale au service du plus petit, un engagement qui prend de plus en plus des allures prophétiques. « On reproche souvent à l’Eglise d’être « contre », remarque-t-il. Sur les questions de l’enfant à naitre ou de la fin de fin – qui sont une et même question -, nous, chrétiens, travaillons « pour » les familles et en faveur des malades et des personnes seules. » Et c’est doute par ce travail gratuit et désintéressé que les chrétiens et l’Eglise saura se faire entendre et proposer à la société d’emprunter un chemin de vie et de joie.
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