Mercredi 6 janvier, des débordements au Capitole, où se trouve le Congrès américain à Washington, ont provoqué la mort de cinq personnes et choqué le monde entier. C’est une fin de mandat chaotique pour le président Donald Trump, accusé de toutes parts d’avoir incité ses partisans à commettre ces violences. Alexandre Mendel n’est pas si catégorique. Ce journaliste a passé plusieurs mois auprès des partisans trumpistes et a publié "Chez Trump, 245 jours et 28000 miles dans cette Amérique que les médias" (éd. L’Artilleur).
Le 20 janvier, le président élu Joe Biden sera officiellement investi, ce qui laisse craindre chez certains de nouveaux débordements à Washington. Mais "le Capitole est désormais bardé de sécurité", rassure le journaliste Alexandre Mendel.
L’actuel président est accusé d’avoir incité ses partisans à commettre toutes ces violences. Alexandre Mendel est plus mesuré. "Je trouve qu’il a déconné mais ça fait quand même quatre ans que les médias européens le traitent de nazi et traitent ses supporters d’abrutis finis. Je ne pense pas que Trump soit le seul coupable", affirme Alexandre Mendel.
L’une des conséquences marquantes de cet événement a été la suspension vendredi des comptes de Donald Trump de plusieurs réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. Aux États-Unis, où la liberté d’expression est beaucoup plus large qu’en France, cette décision "est un coup dur" selon Alexandre Mendel. "Le fait de bâillonner Trump, vous avez cette Amérique profonde qui se sent opprimée dans sa liberté d’expression", analyse le journaliste, qui comprend toutefois que des sociétés privées comme Facebook aient leurs propres règles.
Depuis les violences au Capitole, une procédure de destitution a été lancée par les élus démocrates du Congrès. L’intérêt de cette procédure, à quelques jours du départ de Donald Trump, "est d’éjecter Trump de la vie officielle et sa possible candidature en 2024", selon Alexandre Mendel. Mais malgré tout, Donald Trump pourrait présenter des candidats depuis sa retraite, pour les élections de mi-mandat en 2022, estime le journaliste.
Selon Alexandre Mendel, si Donald Trump partira, "le Trumpisme est bien établi aux États-Unis et dans ces États qui ont voté à 70% pour Trump et qui ne comprendront jamais que des grandes villes puissent voter pour Biden". "Si Trump a gagné en 2016, c’est qu’il a réussi ce tour de force de mobiliser les classes populaires", ajoute-t-il, précisant que les violences commises au Capitole ne représentent "qu’une frange marginale réactionnaire".
Lorsqu’il sera investi, le démocrate Joe Biden aura donc le défi de l’unité du pays à relever. Ce qui s’avère d’ores et déjà difficile selon Alexandre Mendel : "À aucun moment Biden ne s’est adressé dans la campagne aux électeurs de Trump. Je considère que c’est un mauvais calcul de Biden, la moindre des choses c’est de les écouter".
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