A Angers, l'Institut de cancérologie de l'Ouest propose un tatouage semi-permanent (technique de dermopigmentation) de l'aréole et du mamelon. Un tatouage qui a permis à Marie-Paule, 70 ans, de renouer avec son corps et d'avancer après son cancer du sein.
Octobre rose se termine jeudi 31 octobre 2024. Ce mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein est aussi l’occasion de s’intéresser à la vie après la maladie, notamment pour les femmes qui ont dû subir une mastectomie. Cette opération consiste à retirer un ou les deux seins avec les tétons et l'aréole pour enlever la ou les tumeurs cancéreuses.
A Angers, l’Institut de cancérologie de l’ouest (ICO) propose de la dermopigmentation. Cette technique permet de tatouer la peau, mais, à la différence d'un tatouage classique, la dermopigmentation se réalise à l'hôpital et les praticiens tatouent moins en profondeur dans la peau. Le tatouage est semi-permanent, "on perd une demi-teinte entre trois et cinq ans", précise Patricia Kerloch, manipulatrice en radiothérapie à l'ICO et formée à la dermopigmentation. Autre différence : la dermopigmentation se réalise avec des pigments et non de l'encre de tatouage.
Si un patient a été entièrement suivi à l'ICO pour son cancer du sein, il n'avance pas de frais. La dermopigmentation est pris en charge par l'institut, "c'est inclut dans le parcours de soins", détaille Patricia Kerloch.
En revanche, si la patiente décide de faire une dermopigmentation hors de l'ICO, chez un dermatologue par exemple, la dermopigmentation est remboursée à hauteur de 125 euros par sein, par la CPAM. Et si elle est réalisée par une esthéticienne (certaines sont formées à la dermopigmentation) ce n'est pas remboursé.
La dermopigmentation arrive à la fin du parcours médical des patients pour tatouer l'aréole mammaire qui a été enlevée pendant l'opération.
C'est le cas de Marie-Paule, 70 ans. Elle a fait une récidive l'an dernier, en 2023, après un premier cancer du sein droit dans les années 1990 . Cette fois-ci, elle est passée par une mastectomie et elle n'a pas hésité à se faire tatouer l’aréole après l'opération. C'était essentiel renouer avec son corps : "J'ai choisi la dermopigmentation pour revenir comme avant", raconte Marie-Paule. Pour pouvoir retrouver mon identité, pouvoir me regarder dans un miroir, parce qu'avant, j'avais du mal, quand mon sein était tout pâle. J'avais beau le voir, je ne le reconnaissais pas. Et la dermopigmenation m'a permis de le faire".
Retrouver son sein, en entier, c'est un pas de plus pour avancer après la maladie explique Marie-Paule : "ça donne du positif. Parce que, quand on est malade, fatiguée, on perd en autonomie, on perd de tout ! On va plutôt vers la dépression. Donc tout ça, ça permet de cheminer vers la vie".
A l'Institut de cancérologie de l'Ouest (ICO), deux praticiennes formées à la dermopigmentation, Sandrine Blot, infirmière sur le pôle de consultation de l'ICO et Patricia Kerloch manipulatrice en radiothérapie, ont observé que leur rôle dépassait le simple fait de tatouer : "On est là pour revaloriser son image de soi", observe Sandrine Blot. Se voir après dans la glace et ce changement de regard... ! C'est quasi immédiat, ça se voit dans le regard [des patientes, NDLR], leur visage s'illumine ! "
La dermopigmentation est en quelque sorte "la cerise sur le gâteau", sourit Patricia Kerloch. C'est en effet la dernière étape d'un long parcours, où le sein a été un objet médical pendant plusieurs mois. "Le fait de toucher et de faire une chirurgie du sein, ça représente une grande perte de confiance en soi, le temps où tout le monde vient toucher et regarder ce sein. Il devient plus un objet médical qu'une source de féminité et de plaisir. Donc c'est important de ce sentir bien avec cette partie de son corps.
L’Institut de cancérologie de l’ouest réalise de la dermopigmentation depuis plus d'une dizaine d'années. Elles étaient réalisées d'abord au bloc opératoire par des chirurgiens, "selon leurs disponibilités", précise Patricia Kerloch.
Et depuis plusieurs années, il est autorisé de pratiquer de la dermopigmentation en dehors du bloc. Le processus est devenu plus simple : pas besoin de s'habiller de manière stérile et d'avoir une salle de bloc opératoire libre. Aujourd'hui, Sandrine et Patricia peuvent régulièrement réaliser de la dermopigmentation dans une salle de l'ICO.
Cette simplification a permis de réduire er les coûts de cet acte et d'augmenter nombre de dermopigmentations : une trentaine d'actes en 2019, contre 140 actes en 2023 à l'ICO.
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