C’est parti pour la 150e édition du Carnaval de Granville. Un monument de la culture populaire locale inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2016. Mais alors le Carnaval de Granville peut-il s’accorder avec l’Évangile ? Éléments de réponse.
C’est un véritable déferlement populaire où les clefs de la ville sont laissées aux habitants pendant cinq jours. Pendant le Carnaval de Granville, chacun se déguise, quitte son habit du quotidien pour se fondre dans la masse et faire la fête. Pour beaucoup, c’est un moment qui gomme les inégalités et les différences. C’est aussi pour d’autres un moment d’excès. Au milieu de cette pagaïe, y a-t-il une place pour les chrétiens ? Oui, selon le père Régis Rolet, le curé de la paroisse de Granville qui participe chaque année à l'événement. Pour lui, les ponts entre le carnaval et la religion chrétienne sont évidents. Il a d’ailleurs invité cette année l’évêque de Coutances et Avranches à participer à la fête.
« Il est arrivé que l’évangile soit appelé l’évangile des fous, comme on disait du carnaval que c’était la fête des fous » nous explique le Père Régis Rolet, co-auteur du livre Au Carnaval, Granville joue sa comédie. Pour lui, l’inversion des valeurs est au cœur de la foi chrétienne : « Qui aurait imaginé qu’un Dieu tout-puissant se fasse tout petit et vienne naître sur la terre ». Le Carnaval, c’est aussi l’occasion de remettre certaines valeurs à l’endroit, notamment la charité. Monseigneur Cador défilera sur l’un des 46 chars de la cavalcade le 13 février, pour mardi gras, mais pas sur n’importe lequel. Il sera sur le char des pauvres, un véhicule destiné à faire la quête auprès du public pour financer une association. 12 000 € avaient été récoltés l’année dernière pour le compte du Secours populaire. Cette année, ce sera pour le Secours catholique. En finissant le jour de mardi gras, le Carnaval de Granville marque la fin des jours gras avant de rentrer dans les jours maigres du carême. Un événement toujours calqué sur le calendrier chrétien, donnant l’occasion de se lâcher avant de se restreindre.
C’est pour ces raisons que le père Régis Rolet invite les chrétiens à participer à cet événement populaire majeur. « Un chrétien, c’est quelqu’un qui est dans la louange, qui doit vivre dans la joie et qui doit traverser les tribulations de ce monde avec une joyeuse espérance ». Si le curé de la paroisse de Granville invite tout le monde à faire la fête, il veut aussi redonner du sens à un mot souvent dévoyé : « Bien sûr que des extravagances qui conduiraient à faire du mal à quelqu’un ou à soi-même sont condamnables. Faire la fête, c’est apprendre à se tendre la main pour danser ensemble, pour se réjouir ou se soutenir dans des moments difficiles ». Il y voit même un prélude à la fête que sera la vie éternelle, élément central de la foi chrétienne.
Chretien ou non, le Carnaval de Granville est ouvert à toutes et tous gratuitement. Pour voir Monseigneur Cador sur le char des pauvres, le rendez-vous est donné au rond-point du Calvaire à partir de 13 h 30 le mardi 13 février. Toute la programmation est à retrouver ici.
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