Le 11 octobre 1962 s'ouvrait à Rome une réunion d'évêques du monde entier. La manière dont les catholiques vivent leur foi aujourd'hui repose largement sur ce travail, qui a bouleversé l'Eglise sur bien des points. Quels souvenirs en gardent les haut-savoyards ? Et que signifie, pour nous, Vatican II aujourd'hui? La réponse de laïcs et prêtres de Haute-Savoie.
2400 archevêques, évêques, patriarches et supérieurs d’ordres du monde entier se retrouvent à Rome dans une gigantesque procession. Le Père Gérard Dupraz, alors vicaire à Ugine, se souvient bien de ce 11 octobre 1962 : « On se demandait si l’Eglise pouvait vraiment se réformer. Très vite, le Pape a parlé de mise à jour, d’ouvrir les fenêtres sur le monde. Cela a suscité de l’espoir. Deux filles d’une équipe locale de la Jeunesse Ouvrière Catholique s’étaient rendues au Vatican, pour l’ouverture. Elles en sont revenues enthousiastes ! ».
Des prêtres, laïcs et religieux ensemble : c'était vraiment le peuple de Dieu!
Les discussions dureront trois ans. En Haute-Savoie, prêtes et laïcs suivent les débats dans les journaux. Résultat : quatre Constitutions, trois déclarations et neuf décrets. « Les textes de Vatican II sont des textes de compromis. Ils sont le fruit de vifs échanges, sur des questions clés au niveau théologique et pastoral» souligne le théologien haut-savoyard Roland Lacroix. Des compromis dont certains effets se constatent rapidement, dans le quotidien des catholiques: «Quand j’ai été me former en théologie à Paris, dans les années 1970, il y avait des prêtres, religieux et laïcs ensemble. C’était vraiment le peuple de Dieu !» se souvient Marie-France Rutkowski, laïque engagée en Eglise.
Pour certains, l'Eglise n'allait pas assez loin, ou assez vite
Parmi les évolutions : la Parole de Dieu accessible à tous ; la liturgie en français, avec un prêtre qui ne tourne plus le dos à l’assemblée ; l’Eglise qui se présente au service de tous les Hommes ; des avancées dans l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Autour de Mai 1968, un grand nombre de prêtres ou de séminaristes quittent toutefois l’Eglise. C’est justement l’année où le Père Jean-Claude Sancey a été ordonné, à Annecy : « Pour certains, l’Eglise n’allait pas assez loin, ou assez vite. Et puis, beaucoup n’avaient pas vraiment la vocation : le séminaire était une injonction familiale. Je pense que c’est plutôt mai 1968 que le Concile, qui a déclenché ces départs ».
J'ai hérité du Concile comme une valeur sûre
Aujourd’hui encore, l’héritage de Vatican II est source de débats. «Certains points du Concile ont mis longtemps à être appliqués, ou ne le sont pas complètement» note Anne Pittet, formatrice et membre du Conseil Episcopal élargi. Pour certains, Vatican II est la source de difficultés de l’Eglise. Pour d’autres, il en est au contraire la réponse. C’est ce que pense le Père Yves Le Saux, évêque d’Annecy : «Je suis d’une génération qui a hérité du Concile, comme une référence sûre. On a fait dire beaucoup de chose au Concile… Mais pour qui fait l’effort de lire les textes, c’est une boussole, comme le disait le Pape Jean-Paul II».
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